ÉVOCATION
Concept de gestion mentale.
Origine : un des deux concepts fondateurs avec celui de projet.
Précisions du concept d’évocation dans les ouvrages d’Antoine de La Garanderie.DÉFINITION ET CONCEPT
1ère approche (grand débutant)
Dans un premier temps, l’évocation est la façon dont nous faisons vivre à l’intérieur ce qui est à l’extérieur de nous.
On peut évoquer les yeux ouverts ou les yeux fermés, en présence ou en l’absence de l’objet que nous évoquons.À ne pas confondre avec :
– représentation (voir Défense, p.72 et l’excellent article d’Anne Moinet sur le sujet).L’évocation est propre à chacun alors que la perception est commune à tous.
2ème approche (débutant)
L’évocation ne fait pas appel aux organes des sens (contrairement à la perception).
Alors que nous ne percevons un objet hic et nunc, ici et maintenant, nous pouvons évoquer un objet sans qu’il soit forcément présent.
L’évocation est une construction mentale par laquelle on rend quelque chose ou quelqu’un présent à sa conscience.Il est possible de distinguer deux genres d’évocations :
– les évocations visuelles ;
– les évocations auditives ou verbales.3ème approche (intermédiaire)
• Il existe une différence entre évocation auditive et évocation verbale.Une erreur historique
Par le passé, certains formateurs avancèrent l’idée que les évocations verbales étaient des évocations auto-auditives ou des évocations auditives en 1ère personne. Cette idée, intéressante dans le développement de la gestion mentale, a fait son heure, même si on la retrouve sur certains sites internet (dont on peut s’interroger sur la pertinence et la fiabilité…).• L’évocation permet le passage du percept au concept.
Si on utilise l’approche opératoire du concept présentée par Brit Marie Barth, les attributs essntiels (le nécessaire et suffisant) de l’évocation est ce qui permet à la pensée de se déployer.
Un synonyme d’évocation serait alors « support de pensée ».
Sans évocation, il ne peut y avoir de pensée, ni d’apprentissage.
Ce sont ces considérations qui font qu’il n’y a que deux types seulement d’évocations, les visuelles (évocations visuelles) et les sonores (évocations auditives, évocations verbales).
4ème approche (avancé)
• Dans l’histoire récente de la gestion mentale, un troisième type d’évocation a vu le jour : les évocations tactiles.
Elles ne sont pas à confondre ni avec les soi-disantes évocations kinesthésiques ni avec le ressenti corporel de la proprioception.APPLICATIONS ET CONSÉQUENCES
=> cultiver ses évocations en variant le contact perceptif avec l’objet ; cf. la citation d’Amélie Nothomb, la morale de la fable chinoises des aveugles et de l’éléphant.
=> cultiver ses évocations en variant la nature de l’évocation (on voit / on se dit / on entend).
=> cultiver la description de ses évocations en puisant dans le vocabulaire relatif au cinq sens et en le prolongeant par les possibilités offertes par l’évocation.
=> enrichir ses évocations en imaginant comment l’objet que nous percevons pourrait être visible, audible, tactile, goûtable, sentable.
Par exemple, créer en pensée le son d’un carré, son toucher, son goût, son odeur.APPLICATIONS COMMUNES AVEC LE CONCEPT DE PERCEPTION
==> Variation des perceptions
Plus notre message est évocable, meilleure est notre communication.
Puisque nous n’évoquons pas de la même façon sur du vu ou de l’entendu (pour ne citer que deux des cinq sens), varions la présentation de notre message. Donnons aux yeux et donnons aux oreilles (et en général pas en même temps ou pas au même endroit : notion de dissociation des perceptions).APPLICATIONS : CULTIVER, ASSOUPLIR, RENFORCER L’ÉVOCATION (1ère partie)
=> renforcer l’évocation en jouant sur la dissociation perception / évocation :
– dans l’espace : par exemple utilisation d’un cache pour masquer la perception et vérifier la stabillité de l’évocation ;
– dans le temps : séparation des endroits où l’on perçoit et où l’on évoque, afin de vérifier la stabilité de l’évocation.
=> solliciter l’évocation en début d’activité : par exemple pratique de l’index (convocation et accueil des souvenirs).
=> ménager un temps de pause évocative.
=> augmenter le temps d’exposition perceptive ou augmenter le nombre d’aller-retour entre perçu et évoqué, ce qui permet à une triple activité de prendre place : vérifier, modifier, compléter. Pour jouer son rôle, l’évocation a à être fiable (donc il faut la vérifier, et éventuellement modifier). Elle a aussi à être complète.
AUTRES APPLICATIONS DANS LE MÊME PROLONGEMENT : voir le geste d’attention et le geste de mémorisation.MISE EN ÉVIDENCE DE L’INSUFFISANCE DE LA PERCEPTION
Des mises en situation de tâches comme « Vous vivez dans un monde de bulles. »MISE EN ÉVIDENCE DE L’INSUFFISANCE DE L’ÉVOCATION
Des mises en situtation de tâches comme « Le vieux bus rouge.».
L’évocation prolonge la perception. Elle est nécessaire mais insuffisante pour réaliser une tâche : ici entre en jeu la notion de projet.Auteur : F. C. Rava-Reny, tous droits réservés.