Le propre d’une vie démocratique authentique est d’offrir aux peuples qui en bénéficient un gouvernement qui est le leur et qui les gère selon leur intérêt. Pour ce faire, elle leur assure, à l’occasion de diverses élections, la possibilité de choisir entre des options différentes puis, leur choix effectué, de contrôler l’honnêteté intellectuelle et morale de ceux qu’ils ont chargés de les représenter.
Pierre Mélandri, Histoire des États-Unis depuis 1865, Nathan, 1984, p. 50
Force est de reconnaître que dans l’Amérique de la fin du XIXe siècle, ces conditions ne sont pas réunies : les élus peuvent, sans redouter la moindre censure, se livrer aux transactions financières les moins avouables ; les élections sont l’occasion de grossières manipulations et, sur le plan national, les citoyens n’ont guère le choix qu’entre deux versions à peine nuancées de l’expression d’un même et étroit groupe d’intérêts.
Conçus à l’usage d’une nation essentiellement rurale, où fermiers, artisans, petits industriels et financiers menaient autour du pouvoir une lutte équilibrée, les institutions et les partis politiques furent rapidement débordés. La concentration massive d’immigrants dans les villes, l’irrésistible attrait de substantiels profits et l’adhésion des classes moyennes à l’Évangile de la Richesse ne tardèrent pas à gripper complètement les rouages de la démocratie des États-Unis.
Pierre Mélandri, Histoire des États-Unis depuis 1865, Nathan, 1984, p. 50