L’Église au Moyen-Âge en France (collège)

Voici un éclairage sur le cours d’histoire des classes de cinquièmes françaises sur la place de l’Église au Moyen-Âge.
Vous retrouverez une application de la méthode COSA

C – Cadrer : où ? quand ? quoi ?

Nous sommes en France, au Moyen-Âge.

Préciser les termes

Le Moyen-âge est une des quatre ou cinq périodes de l’histoire avec la préhistoire, l’antiquité, les temps modernes et l’époque contemporaine.
Le Moyen-Âge commence en 476 avec la chute de Rome et de l’empire romain d’Occident et se termine en 1453 avec la chute de Constantinople et de l’empire romain d’Orient (ou 1492 pour les anti-russes).
Il y a donc un lien très fort avec l’Empire romain.
Revenons un peu en arrière pour comprendre ce qui se passe.

O – Objectivité : quelles sont les données historiques, les dates ?

L’empire romain fait rêver les peuples germaniques avec son eau chaude. Rome n’arrive pas à les empêcher d’entrer : ce sont les grandes invasions. Mais pour bénéficier de l’eau chaude, il faut faire fonctionner tout un empire. Les nouveaux arrivants n’y arrive pas : c’est l’effondrement. Il va falloir reconstruire.

À Rome, et dans l’Empire, que reste-t-il debout comme organisation ? L’Église, avec à sa tête le Pape.

Là aussi, revenons un peu en arrière pour mieux comprendre les relations entre l’Empire et l’Église.

Jusqu’en 313 les Chrétiens sont persécutés. Puis l’Empereur lui-même devient chrétien.

En 325, l’Empereur devient le protecteur de l’idée de la Sainte Trinité (un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit). Je dis « Sainte » tout simplement parce qu’en français trinité désigne n’importe quelle organisation en trois parties !

Puis en 392, la seule religion autorisée dans l’Empire devient le christianisme.

Lorsque l’Empire romain d’Occident s’effondre en 476, l’Église reste présente partout et permet aux gens de continuer d’avoir une société organisée : ils peuvent être conseillés, consolés, se marier, être enterrés, et trouver quelqu’un pour régler leurs disputes de voisinage.

S – Subjectivité : possibilités, analyse

Mais pour faire fonctionner cette organisation, il faut que quelqu’un protège l’Église. Qui peut faire ça ? Le Pape doit trouver un bras armé. Les Goths, Wisigoths ou Ostrogoths, pourraient convenir : ils sont chrétiens, mais ils le croient pas dans la Sainte Trinité. Le Pape trouve un chef qui accepte de défendre l’Église et croit dans la Trinité : Clovis, le roi des Francs. Saint Rémi le baptise à Reims en 496. C’est le début d’une alliance entre le Royaume des Francs, qui va devenir la France, et l’Église. C’est pour cela que la France est appelée la « fille aînée de l’Église ». Mais les Goths ne se laissent pas faire. Hélas pour eux, ils perdent contre les Francs en 511 et la Gaule devient la France.

Donc, le Roi des Francs, plus tard le Roi de France, protège militairement le Pape et l’Église. Et c’est le Pape qui permet au roi d’être vraiment Roi grâce au sacre à Reims. C’est une alliance entre ces deux puissances, qui continue de durer.

Évidemment, comme dans n’importe quel couple, chacun veut être plus fort que l’autre, donc au fil des siècles, il y aura une lutte perpétuelle entre le Pape et le Roi de France. Même si chacun a besoin de l’autre pour vivre, chacun veut montrer à l’autre qu’il est le plus fort.

Après les descendants de Clovis, ce seront ceux de Charles Martel, le chef de guerre qui a arrêté l’invasion musulmane à Poitiers en 732, qui deviennent rois des Francs, tous reconnus par le Pape. Et comme Charles se dit Carolus en latin, on les appellera les Carolingiens.

A – Action : que se passe-t-il ?

En 799, le petit-fils de Charles Martel, Charlemagne, va à Rome pour protéger le Pape de ses ennemis. En retour, un an plus tard, en 800, le Pape sacre Charlemagne, Empereur. L’Empire romain est ressuscité : c’est la renaissance carolingienne, la première Renaissance qui est oublié dans les manuels d’histoire français.

(Carte Wikipédia, sous licence CC, réalisée par Alphathon)

Charlemagne fonde la féodalité. Et l’Empire pour fonctionner a besoin d’intellectuels, que ce soit de gens qui savent lire, écrire, compter comme de gens qui augmentent le savoir. Ce sera un rôle fondamental de l’Église de former ces deux catégories de personnes, que j’ai appelées les observateurs et les savants pour faire le lien avec le O et le S de la méthode COSA.

L’Église assure donc l’enseignement, des enfants des villages avec le curé jusqu’aux étudiants dans les écoles puis plus tard les universités.

L’Église doit jouer trois autres rôles :

  • servir de contre-pouvoir au(x) roi(s) et à la noblesse qui dirige les territoires afin d’assurer un équilibre à la société ;
  • servir d’observateur de la société ;
  • servir de boîte à idées pour maintenir et développer la société.

Comment l’Église s’organise-t-elle ?

De la même façon que la noblesse s’organise en au moins trois niveaux : le roi, les ducs qui conduisent (ducere en latin) les armées, et les comtes, etc., l’Église s’organise en trois grands niveaux : le pape, les évêques, les prêtres.

Comment l’Église peut-elle obliger quiconque à lui obéir ?

La pire des punitions pour un être humain est d’être exclu de la société, d’être obligé d’être seul, isolé.

  • Dans un village, ou dans une ville, un prêtre pouvait décider d’exclure (ex) quelqu’un de la communauté (commun) parce qu’il se comportait mal : il était excommunié jusqu’à ce qu’il se corrige, ou pour un certain temps, comme un enfant puni dans sa chambre.
  • Les prêtres qui se comportaient mal pouvaient être excommuniés par leur supérieur, un évêque.
  • Pour traiter certains problèmes d’une région ou même d’un royaume, une assemblée d’évêques pouvait excommunier tout un ensemble de personnes.
  • Un roi ou tout un royaume pouvait être excommunié par le pape. Cela veut dire que plus personne ne pouvait faire de commerce avec ce roi ou ce royaume, et que personne ne pouvait l’aider s’il était attaqué. C’est l’équivalent d’un blocus, ou des sanctions contre un pays aujourd’hui.

Comment l’Église observe-t-elle la société ?

Il y a un prêtre dans chaque village, qui s’occupe (cure en latin) des villageois : un curé. Le curé vit dans le village. Non seulement il observe ce qui se passe, mais toutes les semaines, il dit aux villageois ce qu’ils devraient faire lors de la messe. Et au moins une fois par an, chaque personne, du plus petit village à la plus grande ville, doit dire en secret à son prêtre ce qu’il a fait de mal : c’est la confession.

Les prêtres font leur rapport à l’évêque, et les évêques au pape. Ainsi l’Église est-elle au courant de tout ce qui se passe. Pas besoin d’instituts de sondage, de géolocalisation ou de cookies sur internet !

Comment l’Église sert-elle de boîte à idées pour maintenir et développer la société ?

Les prêtres peuvent repérer les enfants intelligents et les recommander pour qu’ils étudient. L’Église a de nombreuses écoles, et après la deuxième renaissance, des universités : elle forme des intellectuels (des savants) de haut rang dans tous les domaines. En sciences, Roger Bacon (1220-1292) découvre par exemple la formation des arcs-en-ciel 500 ans avant Newton, et explique que tout repose sur l’expérience, ce qui est la base de la démarche scientifique. En sciences politiques, saint Thomas d’Aquin (1225-1274) précise la notion de la guerre juste : elle ne peut être décidée par une personne privée (un seul homme), elle doit se faire pour une cause juste comme se défendre d’une agression ou protéger des innocents, elle ne doit pas avoir d’intentions cachées mais rechercher le bien de tous, notamment en épargnant les personnes qui ne combattent pas.

Que fait le Clergé ?

Pour répondre à cette question, voyez l’article qui traite du sujet !


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