Mémoriser ! pourquoi faire ?

Mémoriser quelque chose, c’est se donner l’opportunité de le laisser murir en nous à la lumière de notre compréhension et de notre réflexion.

Mémoriser une image diffère de mémoriser un texte me dit le jeune Thomas. Il expose ses idées. L’image offre un ensemble immédiat, tandis qu’un texte s’offre au fur et à mesure. Paradoxalement, à chaque regard de cet ensemble immédiat, on collecte des informations supplémentaires, des détails, de nouveaux objets de plus en plus fin. Comme si chaque contact avec l’image nous donnait un morceau du puzzle… et que nous avions à en collecter un très grand nombre. Tout est donné dans l’espace et du coup nous le saisissons dans le temps.

Le texte lui est toujours le même. Très vite, nous l’avons en entier. Et pourtant nous pouvons le lire et le relire. Et nous verrons alors apparaître une trame, une structure, des liens invisibles de prime abord. Ce ne sont pas des objets supplémentaires que nous collectons ou mettons en évidence, ce sont des relations. Tout est donné dans le temps et du coup nous le saisissons dans l’espace.

Une fois ce petit prélude au sens de la mémorisation effectué, comment mémoriser un poème. Thomas aime bien commencer par comprendre plutôt que mémoriser. Comme c’est un pratiquant aguerri, je lui donne un poème difficile… parce que justement il est difficile à comprendre d’abord. Après trois lectures… la compréhension est faible. Nous ne pourrons donc nous appuyer dessus pour mémoriser. Donc, que faire ?… Simple, comme d’habitude, si c’est bloqué d’un côté, on essaie de l’autre (l’avantage en gestion mentale, c’est que l’on connaît les différents côtés !). Alors, Thomas commence par mémoriser la première strophe. En se donnant des images visuelles concrètes des mots. Et ça marche assez bien. Sauf qu’au bout de la troisième strophe, ça commence à faire un peu trop d’images (à l’intérieur). Alors, application du 2ème secret, on alterne, intérieur et extérieur. En clair, Thomas dessine, pour lui, les images qu’il s’est données en évocation. Effectivement, ça marche bien. Quatre strophes en 10 minutes, pour un poème de Cocteau… c’est pas mal, surtout que Thomas pensait qu’il lui faudrait BEAUCOUP plus de temps.

En fait, nous avons parcouru le chemin inverse de l’écriture. De la parole, nous sommes passés à l’écriture alphabétique, et ensuite à la représentation imagée…

Et la compréhension dans tout ça ?… Eh bien, comme par enchantement… une fois les premières strophes mémorisées, soudain Thomas s’exclame : « Mais ça veut dire ça ! » En rendant la pensée plus dense avec la mémorisation, la compréhension s’est fait jour.

Double révélation donc, pour comprendre, on peut aussi commencer par mémoriser…

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