« C’est quand même bizarre ces dieux qui se marient avec leurs sœurs », commente un nouvel adolescent à propos de la mythologie grecque. Comment pouvons-nous lire cela ? À l’aide des quatre points de vue fondamentaux, les quatre paramètres de la noématique. C’est d’ailleurs à cette lecture que nous invite les textes sacrés : ils ont quatre niveaux de lecture.
Enfant, même si nous savons qu’il s’agit de mythes, nous voyons cela comme du concret, le premier point de vue, le P1. Quand nous lisons que Zeus épouse sa sœur Héra, nous prenons cela au pied de la lettre. Même si une partie de nous tire la sonnette d’alarme pour dire que quelque chose cloche, comme toujours dans un texte sacré.
Car il y a au moins un deuxième point de vue, le P2, l’aspect conventionnel. Nous utilisons des mots non plus pour relater un compte de faits, mais un conte de fées. Les mots prennent une acception, un sens, culturel. Tenez, prenons cette petite devinette : quel est le fils qui tue sa mère pour ensuite lui donner naissance ? L’histoire semble horrible : un matricide. Et illogique : comment un fils peut-il engendrer sa mère ? Eh bien si nous considérons le jour comme le fils de la nuit, lorsqu’il naît, il tue sa mère, et à la fin de la journée, il lui donne naissance. Nous pouvons donc jouer avec les mots qui ne servent pas uniquement à désigner les choses concrètes telles quelles.
Peut-être y aurait-il à chercher sur ce que veulent dire ces mots de frère et sœur dans les récits mythologiques… Je n’ai pas de réponse ici, juste une direction dans laquelle chercher.
Un texte sacré contient donc une part d’histoire réelle, basée sur des faits concrets avérés : c’est le P1.
Et un second niveau de lecture à partir des conventions du langage : c’est le P2.
Puis un troisième niveau de lecture reflétant la structure logique : c’est le P3.
Enfin, un quatrième niveau de lecture offre une dimension métaphorique, imaginale : c’est le P4.
Tout texte sacré nous invite à sortir d’une lecture terre-à-terre en semant des indices avec des incohérences. À nous les curieux de sens de le chercher !