Une bible et un fusil : les joies de la simplicité

M comme #motivation. L’action est binaire : on fait ou on ne fait pas. On a pu réfléchir avant, on pourra réfléchir après, mais pas au moment même d’agir. Il n’y a plus de place pour la tergiversation. Il est parfois bon de recontacter la dynamique de l’action et certains westerns comme Une bible et un fusil peuvent nous y aider. Le monde est vu à l’aune d’un système binaire : il y a les gentils d’un côté, et les méchants de l’autre. Et quand on agit, le monde est binaire : il y a ce qui nous permet d’avancer, et le reste. Simplicité de l’action. Sans pour autant négliger les niveaux stratégique, opérationnel et tactique. Ce film cache un autre atout : savoir dire non, poliment mais fermement. La négociation semblait achevée. Mais la bonne sœur réussit à imposer au shérif non seulement sa présence mais également sa collaboration. Cela illustre la notion de ténacité, une des quatre sources de la motivation.

Pour quel public ?

À mon avis, à partir de 7 ans. Pourquoi à partir de 7 ans ? Ce western reproduit le modèle des jeux d’enfants : quand on tire sur quelqu’un, et qu’il est touché, il meurt. Et il meurt sans effusion de sang, proprement, il s’écroule et puis c’est tout. Autrement nous quitterions le monde binaire de l’enfance. Qui meurt dans ce film ? Les méchants, tous des bandits. Le prêtre qui s’oppose frontalement aux bandits sans fusil. Il veut sortir du système binaire en utilisant la parole. Or dans le feu de l’action, il y a celui qui a un fusil, et celui qui n’en a pas ! Les Indiens, mais seulement les hommes, dont la plupart ont passé la nuit à boire avec les bandits. Le bandit qui aidait les gentils tout en restant avec les bandits, donc quelqu’un qui sortait du système binaire. Là aussi, pas de troisième possibilité, ça complique les choses ! Qui survit dans la bataille ? Seulement les forts ! Joie du système binaire. J’insiste, le système binaire est légitime (dans certaines situations) et possède sa vertu. La limite est simple : les forts doivent protéger les faibles, et non les asservir. Pour connaître les restrictions d’âge recommandées par divers pays, consultez par exemple www.imdb.com : https://www.imdb.com/title/tt0073636/parentalguide/?ref_=tt_ql_stry_4

L’autorité par l’action

Même si un juge retire son droit d’exercer au marshal (prévôt en français) Rooster Cogburn (John Wayne) en lui retirant son étoile, celui-ci agira malgré tout. Sa ténacité prime lorsqu’il s’agit d’arrêter des bandits qui ont volé des armes de destruction massive, pardon, je me trompe de période, de la nitroglycérine : un explosif surpuissant.

Le management

Mais il faut distinguer action et précipitation. Même si l’histoire évolue dans un système binaire, la maîtrise de l’action nécessite un système ternaire. L’acteur principal élaborera ainsi une stratégie, prendra en compte le champ opérationnel et modifiera sa tactique selon les circonstances. Pour rester dans un système binaire, le réalisateur, Henry Hathaway, a la délicatesse de ne pas mettre en avant cette technique éprouvée de management.

La négociation par l’action

Le marshal (prévôt) pensait agir seul par la force des choses. Mais une bonne sœur, Eula Goodnight (Katharine Hepburn), réussit à lui imposer sa présence et celle de son élève indien Wolf (Richard Romancito). Là aussi la ténacité paie : savoir dire non, poliment mais fermement, tout en agissant non pas contre l’autre mais à côté de l’autre, puisque la possibilité d’être avec l’autre a été refusée. Cela permet de faire ses preuves, et de développer un respect mutuel grâce à une expérience de terrain où chacun voit les qualités de l’autre malgré ses préjugés initiaux.

Une technique coloniale

Au-delà des techniques de management contenues dans le film, ou de stratégie de direction pour ceux que le mot management horripile, le film détient une clé du colonialisme. En effet, son titre français lui-même, Une bible et un fusil, me fait penser à l’expression le sabre et le goupillon, qui raconte l’alliance objective de l’armée et de la religion. Or cette alliance fut toujours observée lors des conquêtes coloniales : l’armée conquiert le pays et contrôle les corps, la (nouvelle) religion contrôle les esprits. Ce colonialisme s’exerce aussi sur toute population avec surveiller et punir : la religion surveille et l’armée punit. Bien sûr, le contrôle social (nécessaire dans toute société car en charge de sa cohésion) dans sa forme abjecte s’exercera de manière de plus en plus subtile : ce n’est plus une religion déclarée mais une idéologie dogmatique, ce n’est plus l’armée mais une police de plus en plus administrative. Une façon d’instiller une idéologie est précisément de diffuser innocemment certains films. Comme quoi un bon western avec son système binaire peut en cacher des choses !

Mots-clés

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