Souvent les gens, surtout les grandes personnes, racontent n’importe quoi. Elles utilisent les mots à tort et à travers. Pourtant chaque mot veut bien dire quelque chose ! Mais comment le savoir ?
Eh bien, avec une jeune élève de 9 ans, nous jouons à « qu’est-ce qu’un concept ? » (voir BD du même nom publiée dans Intelligence mode d’emploi n°9), en cherchant à savoir ce qu’est un homme. Un être humain si vous préférez (oui, je parle un français non administratif !). Si vous aussi vous voulez jouer, essayez de trouver ce qui distingue l’homme des (autres) animaux.
Moi je pensais aux vêtements, mais on peut en mettre à un animal, comme l’âne culotte d’Henri Bosco qui porte un pantalon l’hiver.
Soudain, elle me dit, un homme, ça a des cheveux !
Évidemment, je reste coi. (ça me cloue le bec, dirait Donald)
Je pensais à Rahan, le fils des âges farouches de la tribu de ceux qui marchent debout. Je pensais aux hiéroglyphes du pied, de la main, du pouce, qui montrent l’originalité de l’être humain. Je pensais aux pluriels irréguliers de l’italien qui suit le grec pour rappeler notre humanité distincte des bêtes.
Et là, sa réflexion tombe comme un cheveu sur la soupe. Mais, j’avoue, j’ai triché en trouvant derechef un contre-exemple qu’elle validait : le cheval et sa crinière. Pourquoi je dis avoir triché alors qu’elle validait ma réponse : c’est qu’une partie de moi savait qu’elle avait raison mais je n’arrivais pas à savoir pourquoi sur le moment (je lui ai envoyé un message après !). Il eût fallu savoir ce qu’était un cheveu et ça risquait de devenir coton (difficile en français). Alors je suivais la piste équestre.
C’est vrai ça d’ailleurs, peut-on dire que la crinière d’un cheval c’est comme la chevelure d’un homme ?…
Vous répondriez quoi, vous ?…
Oui, bien sûr, en un éclair, je me suis souvenu de la remarque d’une collègue inspectrice d’académie, qui me disait que sur le papier, ça marche très bien ce qu’a génialement rapporté Britt Marie Barth de la démarche de Jerome Bruner (Comment les enfants apprennent à penser), que j’ai résumée dans ma BD Qu’est-ce qu’un concept. Mais en vrai, ils trouvent toujours autre chose que ce que nous pensions. Et surtout de ce que nous attendions. L’enfant devait répondre ça et il répond autre chose !…
Mais bon, vous, sans vouloir vous faire des cheveux (blancs), vous répondriez quoi ?…
J’avoue, ça m’a servi de regarder les anime de Dragon Ball, car les Sayen comme Végéta ou Sangoku n’ont pas vraiment des cheveux. Pourquoi ? C’est que leurs cheveux ne grandissent pas !
Chez un être humain, les cheveux grandissent tout le temps. Il faut les couper, d’une façon ou d’une autre. Les Aborigènes d’Australie qui ont rejeté la révolution néolithique utilisent le feu pour les « couper ». Autrement on peut utiliser des outils, en métal ou non. Mais dans tous les cas, l’homme coupe ses cheveux. Ce qui fait la fortune des coiffeurs.
Le pelage des animaux s’arrête de grandir : ils ne vont pas chez le coiffeur !
F. R.
Les cheveux d’un être humain pousse toute sa vie. Il est obligé d’inventer la coiffure : le cheveu est la marque de la culture.
Pas si bête donc l’histoire du cheveu qui nous distingue de l’animal. Nous utilisons donc soit le feu, soit le métal ou assimilé (silex taillé, etc.) pour nous coiffer.
En gestion mentale (et donc en noématique), le cheveu relèverait du P2, le point de vue conventionnel jeté sur le monde. L’homme est bien une animal (P1) culturel (P2), et cette culture peut se réduire au cheveu, qui nécessite pour être coupé métal ou feu.
Voilà, j’espère ne pas avoir trop coupé les cheveux en quatre…
Hélas Frédéric, les crinières des chevaux peuvent également être coiffées, et dans ce cas, c’est la coiffure qui est culturelle.