Douleurs en gestion mentale : de l’abandon des illusions à la conquête d’un nouvel agir

L’entretien pédagogique est presque terminé. Le visage du jeune Omfor s’allongeait. Il devait sans doute souffrir de quelque chose, mais comment le savoir ?
Lui qui venait notamment pour restaurer son image de lui-même, il semblait moins confiant à la fin qu’au début de l’entretien.

Et soudain l’idée surgit : nos limites.

La gestion mentale montre de façon crue les limites de notre pensée : nous devons renoncer à croire que nous pouvons être attentif à tout, que nous pouvons mémoriser sans imaginer l’avenir, que….
Et cette façon crue est sans doute parfois cruellement ressentie : moi, homme en devenir car encore enfant, plein de potentialités latentes du fait de mon âge, je dois faire le deuil de ma toute-puissance. Je dois abandonner l’idée que je puis tout obtenir par la seule expression de mon désir.
Nous touchons là un des obstacles intrinsèques à la diffusion de la gestion mentale. Il est douloureux à tout âge de faire le deuil de nos illusions.

Comment s’en sortir ?…

La gestion mentale fait le tri entre

les difficultés qui sont naturelles, normales, partagées par tous (par exemple : on ne peut être attentif à tout)

et

les difficultés propres à chacun, à son mode de fonctionnement, à sa façon de concevoir le monde.

Et ce qui m’appartient en propre, je peux le modifier. C’est ce que montre, et démontre, la gestion mentale.

Plus ma conception du monde est éloignée de la réalité, plus je me heurte au monde qui m’entoure jusqu’à parfois me blesser.

Plus ma conception du monde est proche de la réalité, plus je peux évoluer dans cet environnement à mon grand avantage.

Si je refuse d’accepter que la table est ici et le tapis là, je me cogne et je me prends les pieds malgré ma conception que la table est ailleurs et le tapis inexistant.

Si j’accepte que la table est ici et le tapis là, je contourne la table et soulève le pied à l’abord du tapis. Je peux même décider de monter sur la table pour accéder à plus d’altitude.

La gestion mentale montre donc bien des limites, celle de la pensée, et les siennes propres, elle sépare ce que nous pouvons changer (la structure même de la pensée : par exemple on ne pourra jamais être attentif à tout) et ce que nous pouvons changer (notre façon de faire : par exemple nous pouvons augmenter considérablement notre niveau d’attention).

Mais ces améliorations se feront toujours parce que nous avons accepté les lois de la pensée, des lois qui nous semblent au départ, de premier abord, des limites.

Les barreaux ne font plus la cage si nous savons comment passer entre et peuvent même nous servir, par exemple à nous protéger si les autres ne savent pas les franchir.

Ensuite, la question des limites est aussi la question du contact.

Regardez un objet proche de vous et observez-vous alors que vous allez le saisir.

Vous le saisissez toujours par ses limites, par ses bords, ses vêtements ou sa peau si c’est une personne.

Or, le domaine de la pensée est identique : la pensée est peuplée d’objets que nous contactons par leurs limites.

La pensée n’est donc pas diffuse : elle a les propriétés d’un corps, on peut lui faire accomplir des gestes (mentaux), on peut lui faire manipuler des objets (les évocations).

Tout cela est possible car ces choses, objets ou actes, sont limitées, et délimitées.

Et c’est justement une fois que nous connaissons les limites d’une chose que nous pouvons l’utiliser de façon illimitée.

Nous pourrions dire comme Bacon (on fait obéir la nature en respectant ses lois) : l’usage de la pensée est illimitée quand nous en connaissons ses limites.

Après tout, c’est avec seulement 10 chiffres que nous écrivons tous les nombres, c’est avec seulement 26 lettres que nous écrivons tous les mots. C’est le limité dont on connaît les limites qui nous permet l’illimité.

La pensée est là pour nous servir et non nous asservir. C’est à la conquête de cette liberté d’action que nous invite la gestion mentale.

Omfor se redressait sur son siège. Oui, c’était son choix d’homme, l’expression de sa puissance que de donner un infini sans limites à cette pensée limitée.

– Mais notre pensée a-t-elle des limites ? Peut-elle se déployer à l’infini ? me demanda-t-il.

– Oui, elle a des limites, mais

soit elles reculent lorsque nous avançons,

soit si elles ne reculent pas et nous donnent l’illusion que nous tournons en rond jusqu’à ce que la pensée elle-même se transforme en changeant de qualité pour ouvrir un nouvel infini (loi des évocations)

– OK, il y a donc des limites mais c’est comme s’il n’y en avait pas.

– Voilà répondais-je en voyant le visage d’Omfor s’illuminait d’un sourire de triomphe calme.

En sachant ce dont il était responsable et ce dont il n’était pas, il prenait sa place et son image de lui-même prenait toute sa dimension.

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