D’où vient l’aversion que certains éprouvent envers telle ou telle matière ?
Nous avions déjà écrit un petit article sur le dégoût de certains face aux démonstrations en maths (Quand la démonstration est une vivisection). Voici une piste pour le dégoût de l’histoire.
Lors d’une réception, alors que je parlais de la géopolitique de l’Ukraine pour dire qu’il ne fallait pas avoir peur, une convive m’expliquait pourquoi elle n’aimait pas l’histoire, et éprouvait un rejet viscéral de cette matière depuis le collège. Tout simplement parce que la démarche historique déshumanise. En effet, on parle allègrement en histoire de guerres, de conflits, et pire encore en géopolitique, de mécanismes. Mais derrière toutes ces dates, toutes ces opérations, toutes ces stratégies, il y a des vrais gens qui sentent et qui souffrent, et qui meurent aussi. Ce sont les oubliés des récits, dont on parle accessoirement avec un nombre : ils sont devenus des numéros.
Comme en maths avec la démonstration, parce que nous devenons aigle pour avoir une vision d’ensemble et devinons la stratégie à l’œuvre, nous oublions la tortue qui est au ras du sol et vit intensément tous les évènements. La différence avec les maths, c’est qu’il s’agit ici de vraies êtres de chair et de sang dont la vie devient juste un chiffre en plus dans des calculs.
De quoi en effet ne plus du tout apprécier les récits historiques…
Le contre-poison ? Toujours le même, se souvenir que la raison d’être de l’élite par rapport à la masse est de la servir et non l’asservir. En conséquence, l’histoire sert à comprendre les mécanismes d’hier pour protéger les innocents d’aujourd’hui.