De quoi expliquer la crise ukrainienne

Nouvelle introduction, du 11/04/2023
J’ai écrit cet article le 27/02/2022 à Bordeaux. Pourquoi ? Parce que je rencontrais des jeunes Français réellement terrorisés, et se demandant à quoi bon continuer d’aller en classe alors que la guerre, croient-ils, détruira demain leur ville et leur école.
J’ai utilisé mon expérience de journaliste et d’enseignant en géopolitique pour rédiger cet article.
Son objectif est clair : rassurer en s’appuyant sur des faits. Cela n’enlèvera hélas rien aux horreurs de la guerre. Mais il s’agit d’expliquer les raisons d’un conflit en réalité régional, aux répercussions mondiales. Il ne s’agira pas de prendre parti pour un camp ou un autre, contrairement aux médias de masse : à chacun son travail.
Le mien en tant que pédagogue est de préserver l’intégrité physique et morale des jeunes. Aussi, j’insiste, nous devons laisser aux enfants leur part d’enfance. Ils auront tout le temps de découvrir le monde des « grands » avec les ombres au tableau. Nous n’avons pas à les terroriser avec des sujets que nous-mêmes en tant qu’adultes avons du mal à comprendre.
Aussi je vous propose un autre regard que ceux des médias qui font peur pour vendre.
J’écris à la fois pour vous rassurer, et vous permettre de rassurer vos proches face à cette crise.
Comment rassurer face à une tragédie ? En s’appuyant sur des faits, des éléments objectifs. Essayer de comprendre la logique des actions, fussent-elles meurtrières, violentes ou absurdes. Dans un conflit, il faut connaître les arguments des deux parties pour l’apaiser grâce à la diplomatie. Et même si le cœur a toutes les raisons de s’émouvoir, c’est avec une tête froide que la diplomatie a une chance de progresser. C’est donc à votre tête, comme d’habitude, que je m’adresse.
J’entends déjà certains dire que le terme de crise est impropre, qu’il s’agit d’une guerre. Ils ont raison : elle dure depuis 2014. Pour la comprendre j’ai effectué un voyage d’études à Kiev en 2018. Hélas, la guerre commença en effet en 2014 et c’est un nouvel épisode à l’ampleur inattendue auquel nous assistons incrédules, mais pas forcément impuissants. Il y a huit ans déjà, certains, comme moi, avertissaient déjà du danger que nous courrions. Mais qui s’en souciait alors ?…

Frédéric Rava-Reny

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Prolégomènes

Prolégomènes : ce qu’il faut savoir pour comprendre la suite. En anglais : prerequisite d’où le franglais prérequis

Pour accéder à une vision plus factuelle de la Russie, la conférence d’Emmanuel TODD au dialogue franco-russe du 14 octobre 2021 est salutaire.
Attention, vous pourriez changer d’avis sur la situation des Russes !
Mais si vous voulez agir sur la réalité, il faut la connaître le plus objectivement possible, notamment en écoutant les avis divergents et en se forgeant une synthèse.

> https://www.youtube.com/watch?v=DgCZj_jHUOs

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De quoi expliquer la crise ukrainienne aux jeunes

1. Introduction : qui vit en Ukraine ?

Avec la chute de l’Union Soviétique, l’Ukraine devient indépendante en 1991 avec Kiev comme capitale.
Dans ce pays vivent des Ukrainiens, mais aussi des Russes (ou Russophones = qui parlent, phone, russe). La langue ukrainienne est aussi proche du russe que le français ou l’italien sont proches du roumain. L’ukrainien est également proche du polonais et du slovaque, deux langues des pays voisins.
Les Ukrainiens sont majoritaires à l’ouest du pays, et voudraient se rapprocher de l’Union Européenne (dont font partie la Pologne et la Slovaquie voisines).
Les Russophones sont majoritaires à l’est du pays, et voudraient se rapprocher de la Fédération de Russie.
Chaque élection permet de voir la division politique du pays. Par exemple, cette carte des élections présidentielles de 2004 permet de voir en orange l’ouest du pays à majorité ukrainienne, et en bleu l’est du pays en majorité russophone.

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2. 2004 : la révolution Orange fait élire un président pro-Union Européenne et pro-OTAN

En 2004, la Révolution Orange modifie l’élection présidentielle.
(Les adultes voulant se déniaiser pourront lire la simple page Wikipédia en lien. Ou seulement les débuts citant que les manifestations furent, entre autres, financées par les États-Unis.)
Le candidat pro-Union Européenne et pro-OTAN remporte l’élection.

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3. 2010 : un président pro-russe et pourtant pro-Union Européenne

En 2010, un pro-Russie accède à la présidence : Viktor IANOUKOVITCH.
Pourtant, il continue la politique d’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne : un accord d’association est prévu le 29 novembre 2013.

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4. 2013 : coup de théâtre, le président ukrainien tourne le dos à l’Union Européenne

Au dernier moment (21 novembre), il refuse de signer. Au contraire, il décide de signer un accord d’association avec la Russie.
(Pour les adultes : l’Ukraine avait demandé un prêt de 20 milliards de dollars à l’Union Européenne, qui refusa, tandis que la Russie offrait 15 milliards de dollars, la levée des barrières douanières et la baisse du prix du gaz.)

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5. 2013-2014 : Euromaïdan. Renversement du gouvernement
Un mouvement de protestation apparaît sur la place centrale de Kiev : Euromaïdan.

Le gouvernement est renversé. Un nouveau est mis en place.
Parmi les manifestants, les milices armées d’extrême-droite jouent un rôle majeur.
Un documentaire, primé deux fois internationalement, met en évidence ce rôle : il est déconseillé aux moins de 10 ans.

Pour le voir, il faut se rendre sur YouTube avec ce lien :
 https://www.youtube.com/watch?v=VLXtWfTcLC4

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6. 2014 : les Russophones sont attaqués

Le nouveau gouvernement veut supprimer la langue russe comme langue officielle pour ne garder que l’ukrainien. Pour les Russophones, cela veut dire qu’il faudra apprendre l’ukrainien pour toutes les démarches administratives et officielles. Un peu comme si les Français ou les Italiens devaient apprendre le roumain (langue cousine) pour acheter un timbre, recevoir des allocations ou payer leurs impôts. Ou appeler la police, l’hôpital ou les pompiers.
Sans surprise, les Russophones s’inquiètent.
Pire, des milices ukrainiennes armées attaquent des Russophones.

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7. La Crimée rejoint la Russie

Dans le sud du pays, la république autonome de Crimée vote par référendum son rattachement à la Russie : en clair, les habitant demandent l’aide russe et ils l’obtiennent. La Russie envoie des troupes pour protéger son « nouveau territoire » tandis que les États-Unis et l’Union Européenne condamnent « l’invasion russe ».

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8. Donetsk et Lougansk se proclament autonomes

Dans l’est du pays, pour se protéger, deux zones à majorité russophone :

le Donetsk

et le Lougansk,
deux régions du Donbass, se proclament « républiques autonomes ».
Une république autonome, c’est un peu pour la France comme une collectivité d’outre-mer, la Polynésie française ou la Nouvelle-Calédonie, ou pour l’Italie, le statut particulier de la Sicile.
Dans le Donbass, notamment, c’est la guerre. Elle oppose d’un côté l’armée ukrainienne et les milices, et de l’autre des Russophones, soutenus par Moscou.

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9. La paix est signée à Minsk en 2015 avec l’appui de la France

Pour faire cesser le conflit, deux accords de paix sont signés, entre quatre pays : ce sont les accords de Minsk (11 février 2015). Les quatre pays sont l’Ukraine et la Russie, bien sûr, mais également la France et l’Allemagne qui se portent garantes de l’accord.
Afin d’assurer la protection des Russophones, l’Ukraine s’est engagée à reconnaître l’autonomie du Donetsk et de Lougansk.

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10. Sept ans après, la France n’a pas réussi à faire respecter les accords protégeant les Russophones, la Russie intervient

Sept ans après la signature de ces accords, cette autonomie n’est toujours pas reconnue par Kiev. La France et l’Allemagne ont échoué à faire respecter l’accord du côté ukrainien.
Les deux républiques autonomes du Donbass demandent leur rattachement à la Russie. La Russie accepte.
Moscou décide de protéger les Russophones par une intervention militaire destinée à détruire les armes ukrainiennes.

Il n’y a donc pas de volonté affichée de Moscou d’envahir la France ! Ou de la bombarder !
Alors, écoliers, collégiens, lycéens, retournez faire vos devoirs !
La seule guerre que vous avez à mener est celle contre l’ignorance.

F. R.

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Alors, non, au grand désespoir de notre banquier, nous ne sommes financés ni par Poutine, ni par Obama, ni par l’Union Européenne. Mais encore mieux, par vous ! Ce qui nous permet d’être indépendants et de travailler vraiment pour les enfants.

Vous pouvez renouveler votre adhésion ou faire un don à notre association, voir la page : sociofinancement.
Grand merci !

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Vos retours

A.K., 27/02/22, 17:48
Merci !
Ça a l’air intéressant je lirai demain 🙂

C.B., 27/02/22, 17:51
Merci pour le partage. !

R.D., 27/02/22
Bonjour et merci je vais m’y pencher.Je te remercie pour ce partage.

F.A., 27/02/22, 18:01
Merci tres interressant

P.N., 27/02/22, 18:10
Ah ah …. Un complotiste tu es mon ami !…. ;-D ;-D ;-D
Je vais lire tes analyses. Moi, je suis à la recherche d’infos. Je ne peux tout gober sans chercher. J’ai été sûr entraînée ces 2 dernières années

V.M., 27/02/22, 18:11
C’est intéressant d’avoir un point de vu différent, mais si jamais l’OTAN doit défendre un autre pays comme la Pologne, ça risque d’avoir de lourdes conséquences

A.R., 27/02/22, 18:20
Bonjour, et merci beaucoup pour ce lien. Je vais le faire suivre à mon fils qui j’en suis sûre sera très heureux de vous lire.

P.S., 27/02/22, 19:19
Magnifique, merci Frédéric
Je trouve que c’est très clair, simple et profond
Avec les liens qui confirment

N.L., 27/02/22, 19:47
Merci Frédéric

Y.K., 27/02/22, 20:49
Super, bravo Fred !

F.D., 27/02/22, 22:21
Bonsoir Frédéric,
merci pour ton message. J’ai transféré ta synthèse très bien faite à mon fils de 14 ans, et j’en parlerai aussi à ma fille de 8 ans. La période est particulièrement anxiogène pr les plus jeunes, d’autant que le rouleau compresseur de la propagande écrase tout sur son passage : après 2 ans de Covid, maintenant cette guerre (rebond de la guerre) en Ukraine. Ton texte resitue bien les choses, bravo !

G.C., 27/02/22, 23:20
Salut Frédéric
Merci pour ce lien sympathique et éclairant. Un peu de lumière est ce qui manque surtout en ce moment.

C.R., 28/02/22, 10:09
Bonjour Mr Rava,
Merci beaucoup.
Bonne journée et à bientôt

C.J., 28/02/22, 10:18
Merci beaucoup. Très, très intéressant.

J.S., 28/02/22, 16:14
Il est très bien ton article, très bien ! J’ai appris beaucoup de choses (c’est mon côté enfant) ! J’ai écouté Emmanuel Todd (grâce à toi d’ailleurs, il y a quelques semaines). À partager !!!!
… d’urgence (besoin d’édification dans la population) et profites-en : tu ne fais pas encore partie des sites complotistes
Ce site devrait être interdit 😀

M.A., 02/03/22, 09:04
Merci beaucoup pour cette explication si claire, compréhensible, qui m a apaisée .
Bonne journée

M.M., 02/03/22, 20:29
Super merci 🙂
C’est très intéressant !!!!

L.A., 02/03/22, 21:36
Merci!!!!!

A.C., 02/03/22, 22:52
Merci

S.F., 03/03/22, 16:58
Bonjour,
En fait, je n’ai pas compris pourquoi les élèves auraient peur de cette guerre. Et mon fils (9ans) vient de rentrer de l’école avec cette peur. On se donne du mal pour les protéger et après c’est l’école qui s’occupe de politique. Je suis furieuse.
Merci pour le montage.
Je n’oublie pas le petit virement 😉
Bonne journée
Merci

V.D., 04/03/22, 07:22
Bonjour, je vous remercie pour ce partage 🙂

S.P., 04/03/22, 08:19
Merci Frederic, j’ai pris le temps de regarder la deuxième vidéo, terrifiant. Merci pour ce lien. Et comme vient de me le dire mon mari : « Truth is always the first casualty of war ». (Mais bon, dans nos démocraties occidentales, ça fait un moment qu’on n’attend plus la guerre pour faire son affaire à la vérité!)
J’espère que tu vas bien, bises !

E.B., 10/03/22, 15:30
Heureusement, Merci Frédéric.
Face au flot croissant de la répétition de phrases sans objection, sans critique interne, des informations uniformes, d’uniformes, d’auto-écoute médiatique, de pensées dégluties comme par gavage, j’espère trouver d’autres perspectives grâce à ces prises de recul – je vous remercie d’éclairer ma lanterne humble, à bientôt.