Aux limites du dialogue pédagogique (1)

Extrait d’un dialogue pédagogique avec une élève de CM2.

— Non, je n’ai pas d’images dans ma tête. Maman me dit de fermer les yeux et de me concentrer pour avoir une image du mot écrit mais ça ne marche pas.

(Oui, pour apprendre un mot, une croyance répandue est de l’évoquer en P2 visuel…)

— OK, donc dans ta tête, tu n’as jamais d’images, tu te parles et ça te suffit.
— Oui. (un grand silence) Quand je veux voir des images je n’en ai pas et quand je ne veux pas voir d’images j’en ai ?
(là du coup, je me dis que cette jeune a des images mentales visuelles spontanées qu’elle ne contrôle pas… à vérifier)
— Tu veux dire que tu as des images qui viennent toutes seules ?
— Oui mais ce ne sont pas des vraies images. Ce sont des lignes de couleur. Par exemple, quand Maman me demandait de voir un A dans ma tête, je fermais les yeux et il y avait des traits de lumière qui apparaissaient. Je croyais qu’ils allaient faire un A mais non.
— De quelle couleur étaient ces traits ?…
— Jaunes.
— Mon frère (plus âgé mais l’écart est d’environ 3 ans 1/2 donc bon pour une application du principe de La Fontaine) et ma petit sœur, quand ils ferment les yeux ils ont pareils et les images.
— Bon. Mais quand vois-tu ces images ?
— Quand je regarde la lumière ou quand j’appuie sur mes yeux.
— OK. Tu vas regarder la lumière de la lampe là-bas pendant un moment. (je la laisse fixer la lumière environ 30 secondes) Ferme les yeux, que vois-tu ?
— Un rond jaune.
— OK, observe le, il va changer de couleur et aller dans les rouge.
— Oui, il est devenu rose.
— OK, il devrait devenir bleu ou une couleur proche du bleu.
— Oui, il est devenu violet.
— Bien, est-ce le même type d’images que tu vois quand tu me disais que tu fermais les yeux ?…
— Oui.
— D’accord. Alors je vais te dire comment ça s’appelle si ça t’intéresse.
— Oui.
— Ce que tu vois s’appellent des phosphènes. En fait, c’est seulement l’œil (bon, je n’allais pas lui dire qu’en réalité, nous ne savons pas grand chose sur les phosphènes !) Tout le monde peut en voir en fermant les yeux après avoir regardé une lumière. Ton frère et ta sœur ont un cerveau qui fabrique des images, toi tu as un cerveau qui fabrique des sons. C’est pour ça qu’ils ont en plus les images que leur cerveau fabrique en plus de l’image qui reste dans leur œil. Tu as compris ?…
— Oui.

OUF ! Eh bien heureusement que je connaissais l’existence des phosphènes car autrement cela aurait été un petit casse-tête pour moi… des images qui sont là ou pas là…pas de vraies images donc… des impressions d’images ?… etc.

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