Je donne à lire à un jeune de 13 ans un texte illisible au premier abord.
– Ça n’a pas de sens.
– Qu’est-ce qui n’a pas de sens ?
– Ce texte ne veut rien dire !
– Ce texte ne veut rien dire ou tu n’arrives pas à trouver ce qu’il veut dire ?
– Non, il ne veut rien dire !
Il y a deux positions philosophiques. Soit le monde existe en dehors de moi, il peut donc y avoir du sens qui m’échappe. Soit le monde n’existe qu’à travers moi, et le sens qui s’y trouve vient forcément de moi.
En gestion mentale, nous considérons que le monde existe sans nous : il était là avant, il sera là après. Le monde n’est pas la projection de nos pensées. Comprendre c’est donc aussi accepter que le monde existe, et que nous aussi ! Que nous avons à respecter le sens dont le monde est porteur (sans nous) et le sens dont nous sommes porteurs.
L’accompagnement s’est donc poursuivi jusqu’à opéré une mutation de « cela n’a pas de sens car je n’en trouve pas » à « cela a du sens et je ne le trouve pas ». Dans le premier cas, c’est du solipsisme (seul moi existe). Dans le second cas, c’est une ouverture au monde. Dans le premier cas de figure, la recherche s’arrête puisqu’il n’y a pas de sens. Dans le second, la recherche s’ouvre.