Toute personne ou tout groupe a besoin de s’exprimer.
C’est la dynamique de l’évocation :
– le monde extérieur a vocation à exister dans notre conscience (passage de l’extérieur vers l’intérieur) ;
– notre conscience a vocation à être dans le monde (passage de l’intérieur vers l’extérieur).
Il y a six grandes façons de s’exprimer.
Ce sont les six natures de production :
– orale (parler…) ;
– écrite (écrire…) ;
– gestuelle (faire des gestes, mimer…) ;
– graphique (dessiner, peindre…) ;
– musicale (jouer de la musique, faire entendre…) ;
– plastique (modeler, sculpter, construire…).
Chaque personne ou chaque groupe privilégie un mode d’expression.
Le souci vient quand ce mode n’est pas accepté par l’environnement.
Par exemple, pour se souvenir de son cours, un jeune a besoin de dessiner ce qu’il sait : c’est comme ça que ça vient, que ça lui revient.
Mais en contrôle, ce n’est pas forcément très facile d’utiliser cette façon. Sauf si on utilise un brouillon (et qu’on a éventuellement averti au préalable le professeur qu’il n’y a pas à s’inquiéter, que c’est juste sa façon de se souvenir sans déranger les autres).
Autre exemple, le jeune qui a besoin de se parler à haute voix (production orale) se trouve bien embarrassé en contrôle. Il est bloqué. Comment faire ?
Comment a-t-il travaillé son cours ?
Pensant s’entraîner aux conditions du contrôle, il s’est interdit de parler à haute voix pour apprendre. Du coup, le travail à la maison est d’un pénible de plus en plus insoutenable.
Or, à y réfléchir, n’importe quel sportif s’entraîne avant d’être en compétition (ou en match, etc.). Et lors de son entraînement, il fait des exercices qui sont différents de la compétition. Par exemple un boxeur s’entraîne à la corde à sauter, mais il ne l’apporte pas sur le ring !
Au contraire même, c’est parce qu’il se sera suffisamment entraîné à la corde à sauter qu’il n’en a plus besoin.
Comment pourrait-il travailler son cours ?
Pour commencer, notre jeune doit distinguer le temps de l’entraînement du temps du match, pardon, le temps de l’apprentissage du temps du contrôle.
Ensuite, ce qu’il fait en entraînement n’aura plus besoin d’être fait en contrôle.
Si ce jeune a besoin de se parler, ce besoin doit être reconnu comme tel. Il se parlera donc à haute voix pour apprendre. À force de faire cela, il pourra passer, un jour, à une autre forme de production.
Mais on ne devient pas bien-portant en s’amputant !
Comment le professeur pourrait-il l’accompagner en contrôle ?
En contrôle l’enseignant peut autoriser les élèves qui ont besoin de se parler à haute voix de sortir dans le couloir un par un afin qu’il puisse se lire l’énoncé par exemple.
Je l’ai fait avec mes classes. Avec l’angoisse de savoir si cela aiderait vraiment l’élève en question (ils sont un ou deux par classe à exprimer ce besoin). J’ai tenté l’expérience. Et au bout de deux fois, l’élève ne sort plus. Je m’interroge : a-t-il bien compris qu’il pouvait sortir ? Je l’interroge : oui, il a bien compris. Mais il n’en a plus besoin. Il a mis en place d’autres stratégies.
(sur le plan technique il peut y avoir deux phénomènes que je n’expliquerai pas ici : la saturation ou l’attribution d’une place à un besoin cognitif suite à sa reconnaissance)
Une voie vers la réussite est donc la double reconnaissance : celle que l’on s’accorde à soi-même et celle que l’on accorde à la tâche à accomplir.