Louchons sur le chiasme, une figure de style renversante

À la fin du collège ou au lycée, quand on explique un texte à l’aide des « figures de style », il ne suffit pas d’étaler sa science en utilisant des mots compliqués comme « anaphore », « assonance » ou « allitération », il faut en plus expliquer à quoi servent ces procédés. Le minimum est de dire qu’il y a une répétition, d’un même mot pour une anaphore, d’une même voyelle pour une assonance et d’une même consonne pour une allitération. Pourquoi y a-t-il répétition ? Peut-être tout simplement pour insister, mettre en relief, persuader…

Mais comment expliquer ce que font certaines « figures de style » comme le chiasme par exemple ?…
Prenons un exemple classique, pris des Plaideurs de Racine : « Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. » et revenons à la démarche habituelle, identifier la nature de chaque mot – la catégorie grammaticale – et sa fonction, avant d’aller plus loin.
Dans cette phrase, « rit » est un verbe, comme « pleurera », et sert de groupe verbal. Quant à « vendredi » et « dimanche » ce sont des noms, qui complètent le verbe en précisant à quel moment se passe l’action, des « compléments circonstanciels de temps » si vous préférez….
« Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera » contient ainsi l’ordre : verbe, complément, complément, verbe.
Il y a une inversion : un chiasme. Avec cette figure de style, l’énoncé se referme ainsi sur lui-même et donne l’idée de quelque chose de complet, sans rien d’intéressant au dehors. Cela permet de donner l’apparence d’une vérité générale.

C’est la même chose avec les rimes embrassées et les rimes croisées.
Les rimes sont croisées quand elles alternent deux par deux, sous la forme A, B, A, B. Cela donne l’impression d’une liste sans fin, d’une énumération incomplète dont on a commencé le début sans la terminer.
Les rimes sont embrassées quand l’une encadre l’autre, sous la forme A, B, B, A. Cela donne l’impression d’un cadre, d’un ensemble, d’un stabilité.

Mes élèves auront reconnu la notion d’espace et celle de temps…

En résumé, pour identifier certaines figures de style, puis les expliquer, il est important de :
– repérer la catégorie grammaticale des mots (grille de neuf) ;
– repérer leur fonction ;
– trouver ce qui se passe dans le texte : répétition, ajout, utilisation de contraires, interruption, transfert… (grille de seize) ;
– identifier la figure de style ;
– découvrir ce qu’elle produit au niveau de la pensée.
Et bien sûr tout partager grâce au pouvoir de l’encre sur le papier !…

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