Je ne connais pas Antoine de La Garanderie, c’est lui qui me l’a dit.
Avec sa découverte de la notion d’évocation, je réalisais que le monde auquel j’ai accès est tissé de mes évocations, écho plus ou moins fidèle au monde dans lequel je vis.
Le vrai Antoine était dans la perception, un monde dont je pourrais au mieux m’approcher de plus en plus sans jamais l’atteindre.
Cette découverte de l’évocation se reflétait dans son écoute du moindre d’entre nous : avec bienveillance, Antoine collectait pour nous les miettes de sens que, tel le Petit Poucet, nous avions égrenés à la recherche de nous-même, ou bien il nous aidait à les retrouver en nous invitant à monter sur ses épaules de géant.
Chaque point de vue l’éclairait davantage sur sa vision du monde et lui donner à entendre des notes de sens dont il savait à la fois décrypter le solfège et mettre à jour d’éclatantes symphonies.
En harmonie avec cet entendement du monde, il nous appelait ses amis, et refusait une vision pyramidale dont il aurait été le resplendissant sommet. Il partageait une vision arborescente, buissonnante, de notre discipline où chaque branche, chaque feuille, en allant chacune dans sa direction, va occuper une place, recueillir de la lumière, collecter de nouvelles significations dont elle nourrira en retour le centre commun et tout l’ensemble.
Antoine de La Garanderie savait que les mots peuvent figer les concepts en mouvement dont ils sont le pâle reflet, rejoignant en cela Madame Buresi, cette remarquable institutrice qui enseignait l’évocation à ses élèves avant même la publication des Profils pédagogiques. Il prit le risque de fixer des termes en les animant toujours de son esprit de bienveillance.
Nous sommes ici dans l’évocation de son souvenir, comme si chacun d’entre nous apportions la vision d’une face d’un diamant dont le souvenir brille désormais.
Il nous revient désormais d’animer de notre bienveillance ce qu’il nous a transmis.