Et cette règle d’accord, que nous dit-elle ?
Elle nous parle d’un participe, passé, d’un COD, d’un auxiliaire avoir, d’un auxiliaire être…
Voyons ce que cela peut donner avec un élève, par exemple Prince Méga.
– Très bien, tu sais me réciter la règle. Peux-tu me dire ce que c’est qu’un auxiliaire ?
– Euh, ça sert dans la conjugaison.
– Encore un mot à définir : ça veut dire quoi conjugaison ?…
– Aucune idée !
– Sais-tu comment s’appelle cette pièce de bois qui sert à atteler deux bœufs ensemble ?
– Je sais la dessiner mais j’ignore son nom.
– ça s’appelle un joug (prononcé jou). Le -jug- de conjugaison veut dire joug. Et le con ?
– (rires)
– Alors non, ça ne veut pas dire ce que tu penses. Dans les mots en français, con veut dire avec, comme dans…
– concombre !
– Ah, non, sauf dans concombre (et quelques autres mots…). Dans consoler par exemple : quelqu’un est seul, sol comme dans solitaire et on va avec lui, ou à côté pour le consoler. Dans concitoyen, c’est un citoyen avec qui on partage la même cité. Etc. ça te va ?
– OK, et conjugaison alors ?…
– C’est qu’il y a deux choses ensemble (con), avec, sous le même joug (jug). Par exemple tes parents sont ensemble, ils vivent une relation conjugale. Dans la conjugaison c’est quand un verbe est avec un sujet sous le même joug. Comme ils sont mariés ensemble, forcément ils font des accords. C’est pas comme s’ils vivaient chacun dans leur coin, chacun fait un effort pour s’accorder à l’autre et vivre une relation conjugale heureuse. La conjugaison c’est pareil. Et c’est le verbe qui fait le plus d’effort visible. ça te va ?
– Oui, c’est OK.
– Que fait le verbe quand il est conjugué ?
– Il change.
– Comment ?
– C’est la fin qui change.
– Très bien, d’accord. C’est la fin qui change. Et il y a encore des choses à faire ou c’est fini ?…
– Non, une fois qu’il est conjugué, c’est fini.
– As-tu un exemple de verbe conjugué ?
– Oui, « il a chanter ».
– OK. Et il y a des choses à faire sur ce verbe ou non.
– Non, c’est bon.
– On pourrait dire que c’est fini alors.
– Oui.
– Et le contraire de fini, c’est quoi ?…
– Hum, je ne sais pas, en cours ?…
– Oui, c’est vrai. Le contraire de poli c’est quoi ?
– Impoli.
– Le contraire de compréhensible.
– Compliqué. (rires) Non je rigole, incompréhensible.
– Le contraire de visible.
– OK, invisible (et pas transparent !).
– À chaque fois tu rajoutes in- pour faire le contraire. Avec fini ça donnerait quoi ?
– Infini.
– Très bien. Du côté, tu as le sens de infinitif : c’est quand le verbe n’est pas fini, qu’il n’est pas conjugué (il est tout seul tout seul, pas comme à l’impératif). Que connaît comme verbes à l’infinitif ? Et comment les reconnaît-on ?
– Chanter, courir… Il y a un r à la fin.
– Très bien. Il y a un r à la fin. Donc, souviens-toi, quand un verbe finit par r c’est qu’il est à l’infinitif, qu’il n’est pas conjugué.
– OK, ça me va.
– Maintenant regarde ce que tu as écrit (il a chanter).
– Ah oui, c’est il a chanté.
– Oui, très bien. Et dans il a chanté, quel est le verbe conjugué ?
– C’est chanter.
– OK. Et a alors, c’est quoi ?
– Ben c’est l’auxiliaire.
– D’accord. Et ça veut dire quoi auxiliaire ?
– Je ne sais pas, c’est pour la grammaire.
– Dans moteur auxiliaire, ou auxiliaire de santé, que veut dire ce mot auxiliaire ?
– Je ne sais pas.
– Auxiliaire veut dire qui aide. Par exemple ici, maintenant, je suis ton auxiliaire pour comprendre !
– (rires)
– Comme le verbe fait déjà beaucoup, il demande de l’aide pour faire les temps composés. Alors il y a en français deux verbes très forts pour aider les autres, ce sont les verbes être et avoir. Avoir vient aider le verbe, mais il lui demande quand même de participer un peu à l’action, il lui demande de participer au passé. Alors le verbe se met au participe passé pour avoir l’aide de avoir.
– D’accord !…
– Bon, maintenant tu as le sens de presque tous les mots : auxiliaire, participe, infinitif, conjugaison… Il reste COD, nous verrons ça une autre fois si tu veux travailler sur la règle d’accord.
– Non, mais le COD je sais ce que c’est, c’est ce qui répond à la question « quoi » ou « qui » ?
– Il y a aussi une autre façon de faire (comme d’habitude). Nous verrons cela une autre fois si tu veux.
La séance se poursuit. Prince Méga me montre comment il a fait mentalement pour coder la règle et comment ces nouvelles informations sur le sens des mots de la règle se combinent avec sa mémorisation.
Une fois tout cela posé, nous verrons ensemble comment il peut appliquer la règle.
Car il y a bien deux temps distincts.
Celui de la saisie de la règle, en mémorisant et en comprenant.
Celui de l’utilisation de la règle.
Cela réservera d’autres surprises… L’erreur au mille visages se cachait toujours derrière ces vingt-six lettres qui arpentent la feuille et ces trente-six sons qui peuplent le discours. Prince Méga arrivera-t-il à lui trancher définitivement la tête comme l’hydre des marécages de la confusion ?…