À quoi donc sert cet accord du participe passé ?…
Pendant longtemps je me suis interrogé, accusant tour à tour l’incompétence de la grammaire et son côté désuet.
Pourtant la règle est simple dans l’idée : prendre soin du lecteur ou de l’auditeur.
Lorsque quelqu’un va lire ce que vous écrivez, lorsque quelqu’un entend ce que vous dîtes, sait-il ce dont vous parlez ?…
Si oui, il y aura toujours accord.
Si non, seul être demande l’accord, avoir le refuse.
Quand je lis : « J’ai cueilli… », je ne sais pas encore ce que j’ai cueilli, donc l’auxiliaire avoir m’interdit l’accord.
Je suis obligé de lire la suite de la phrase : « J’ai cueilli des fleurs. » pour savoir ce que j’ai cueilli.
Par contre, lorsque je lis « Les fleurs que j’ai cueilli… », je sais que ce sont des fleurs qui furent cueillies, donc il y a bien l’accord que je trouve en lisant jusqu’au bout : « Les fleurs que j’ai cueillies ».
Quant à l’être, il traverse le temps et oblige toujours à un accord : « Les fleurs sont cueillies. », « Cueillies sont les fleurs. » (style maître Yoda ou le Bourgeois gentilhomme…).
Alors où est le piège ?…
De confondre le lecteur ou l’auditeur avec le scripteur (celui qui écrit) ou le locuteur (celui qui parle).
Quand j’écris et/ou que je parle des fleurs, je sais très bien qu’elles sont cueillies, que je les ai cueillies. Comme je connais toute l’action, ou tout le sujet dont je parle, je peux oublier que celui qui m’écoute ou me lit, lui, ne le sait pas. Du coup je vais faire l’accord où c’est interdit ou l’oublier là où c’est obligatoire.
Il y a donc une confusion entre soi et l’autre dans le désaccord.
Dans la même idée, c’est confondre son temps personnel, intérieur, celui de la pensée, où on sait tout sur le sujet ou l’action dont on parle, et le temps social, extérieur, celui de l’échange, où on ne peut savoir les choses qu’au fil des secondes égrenées par la montre.
Respecter la règle de l’accord du participe nous invite donc à séparer notre espace intérieur où le temps est libre de l’espace extérieur où le temps est conditionné.
C’est donc nous inviter à être en accord avec nous-même et les autres…
L’accord du participe passé nous invite ainsi à participer à passer un accord entre nous et le monde qui nous entoure.