Crayon de maquillage ou à papier ?… Ma fille ne veut pas travailler !

« Ma fille vient de me claquer la porte au nez quand je lui ai demandé si elle avait des devoirs à faire. Au lieu de travailler elle passe du temps sur MSN, Facebook ou à échanger des SMS. »

Ah, la vie TGV touche toutes les familles, BCBG ou non… Nous allons tellement vite que même les mots s’écrivent en abrégé…

Hormis les pistes connues sur les relations parents-enfants, celles exposées dans la formation Accompagner les devoirs, que pouvons-nous explorer comme piste dans ce genre de situation ?…
Peut-être la technique du dialogue avec la recherche de cohérence, l’appui sur le bipôle acteur-témoin de la GM, les raisons de la nonchalance. Examinons cette dernière.

Parfois nous ne faisons rien car nous sommes pris dans une contradiction : le matin, dans notre lit douillet, nous devons nous lever et nous restons pourtant sous la couette au risque de mettre notre journée dans de sales draps. Nous aimerions continuer de nous reposer mais nous pensons au travail, nous aimerions nous lever pour travailler mais nous aimerions nous détendre. Quand ces projets sont de forces égales, nous ne faisons rien en réalité : ni nous détendre (notre esprit est occupé à penser au travail qui nous attend), ni travailler (notre corps reste au lit).
C’est la même chose lorsque nous travaillons en pensant à l’émission de TV que nous regarderons plus tard : notre pensée est divisée (et que peut un royaume divisé contre lui-même ?) et nous bâclons notre travail. Lorsque nous regarderons plus tard la télé, notre mauvaise conscience d’avoir fait un travail bâclé nous empêchera de profiter pleinement de ce moment de détente. Il aurait mieux valu faire son travail en pensant à son travail, et regarder son programme en pensant à son programme.
Le pire, c’est l’incohérence.
La force, c’est la cohérence. De la Lumière Amplifiée par Stimulation d’Émission de Radiation, pardon de cette mauvaise traduction de Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation, je veux dire LASER, laser quoi.
La cohérence a la force du laser. L’incohérence est une lumière diffuse et confuse.
Soyons donc sérieux dans notre travail et notre amusement : quand on travaille, on pense à son travail, quand on s’amuse, on s’amuse vraiment. En gestion mentale, cela s’appelle évoquer ce que l’on est en train de faire… de faire correspondre sa production et son évocation.
Donc un jeune qui au lieu de boire (drogue légale) ou de fumer du tabac (drogue légale) s’abrutit devant un écran (pas encore entièrement reconnu comme une drogue) en imaginant avoir une vie sociale, ce jeune, disais-je, risque de devenir un nolife, quelqu’un qui n’a plus d’amis IRL, pardon, dans la vraie vie (IRL = in real life). Mais surtout il y a une confusion qui indique que l’on ne vit pas pleinement ce que l’on fait, que l’on n’est pas sérieux.
Il y aurait beaucoup à dire sur ce point, mais je voudrais aussi présenter les idées suivantes.

L’approche générale sera toujours de faire émerger la cohérence, et de présenter les incohérences à la personne en l’accompagnant à refonder ou recontacter une cohérence.
Cela, c’est un des fondements de la technique du dialogue pédagogique, le cœur de la pratique en gestion mentale.
Donc si nous appliquons cette recherche de cohérence face à une fille qui refuse de travailler pour s’adonner à des plaisirs sociaux frelatés, quelles pistes (parmi de nombreuses autres) pouvons-nous explorer ?

Le bipôle acteur-témoin. Contrairement à ce que certains pensent, il n’est pas figé : on peut passer d’acteur à témoin et inversement. C’est le couple sentant-senti qui, plus enraciné dans la pensée, bouge moins. C’est ce passage d’acteur à témoin, cette fluidité que nous recherchons. Souvent on a confondu cette souplesse d’alterner acteur et témoin avec un équilibre visuel-auditif, une erreur trop fréquente des amateurs de GM.
Regardons donc ce que cela peut donner sur acteur-témoin dans notre affaire.
Versant « acteur » : OK, si tu ne veux pas que je te demande si tu as des devoirs à faire, je peux croire que c’est parce que tu estimes que tu es assez grande pour te débrouiller toute seule. Donc que tu vérifies toute seule le travail scolaire à faire. Pour ensuite le faire parfaitement. Tu souhaites plus tard avoir une vie indépendante, et ne dépendre ni de tes parents, ni d’un mari. Tu mises donc sur ta réussite scolaire pour te donner les moyens de ton indépendance, et c’est très intelligent. Je me réjouis à l’avance de voir un bulletin de notes en progression. »
Versant « témoin » : OK, tu choisis de passer du temps en ligne avec tes amies. À regarder ce qui se passe. À observer le sourire de Jean, la coiffure de Kevin. À pouvoir dire comment tu as entendu la blague de Franck et la déconvenue d’André. Tes copines t’apprécient sans doute car tu es au courant de tout ce qui se passe. Mais si elles te demandent ce qui s’est passé dans tel cours où elles étaient absentes ou qu’elles n’ont pas compris, que diras-tu ? Et quand Franck cloue le bec au prof de maths avec sa façon inattendue de résoudre un problème, que rapporteras-tu ? Ne préféra-t-on pas une autre copine qui elle sait expliquer l’habileté intellectuelle de Franck ? Ou la force artistique de Kevin ? Tu te maquilles, tu soignes ton apparence. On aime bien être pris en photo avec toi car cela rehausse le tableau. Mais entre une fille jolie, et une jolie fille qui peut rendre service, qui préfère-t-on ?… Le niveau scolaire augmente, comme un train qui avance : tu as envie de rester toute seule dans une gare abandonnée ?… Contacter seulement un aspect de la vie à l’école, c’est comme une fille qui s’habille mal mais se maquille bien, ou se maquille bien mais s’habille mal : ça jure. Contacter plusieurs aspects de la vie à l’école, c’est comme une fille qui non seulement sait s’habiller mais en plus se maquille bien ! À toi de voir.
Enfin, regarde les grandes dames, les stars, les artistes : non seulement elles ont de l’élégance, mais elles ont de la conversation, du savoir-vivre… Elles ont su non seulement rester jolies mais aussi devenir belles en prenant soin de leur intelligence. Alors oui, parfois elles ont donné l’image d’une potiche comme Marilyn Monroe, mais c’était juste par courtoisie devant ces messieurs que de leur laisser croire qu’ils étaient plus intelligents…

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