Se débrouiller seul : le rêve de Kyro

Kyro est un de mes élèves. Est-ce son vrai nom ? Non, de la même façon que le mien n’est pas Hitsu Sensei. Mais cela ne me dérange pas d’utiliser les codes culturels de mes interlocuteurs, fussent-ils amateurs de manga comme Naruto.
Kyro est un grand adolescent majeur qui vit chez ses parents, comme beaucoup de jeunes de son âge. Pour autant, sa soif d’autonomie, voire d’indépendance, est bien présente. Je lui écris un jour suite à un entretien.

Bonjour cher Kyro,

Tu m’as fait part de ton agacement : tes parents t’insupportent, tu dis à ta jeune sœur de se débrouiller seule…
Tu me demandes mon avis, mais la solution est en toi. Tu le dis toi-même : se débrouiller seul.

Ta vie fait que tu es toujours chez tes parents, alors qu’en toi le besoin d’autonomie et d’indépendance semble chaque jour grandir davantage.

Eh bien deviens autonome tout en restant chez tes parents.
Comment ?
En participant au fonctionnement de la maison.
Imagine, si tu étais seul, que ferais-tu ?… Une grande liste de tâches t’attendrait.
En restant chez tes parents, ce qui est normal à ton âge puisque la loi le prévoit, tu n’as pas à faire autant de choses comme si tu vivais vraiment seul.
Mais tu peux t’entraîner.
Il y a déjà la vaste panoplie des tâches ménagères : faire la vaisselle ou débarrasser le lave-vaisselle, c’est le plus évident avec mettre ou démettre la table… mais il y en a plein d’autres.
Offre ces services à tes parents : ils seront à la fois l’expression de ton indépendance et celui de ta gratitude envers eux.
Et tu peux leur dire le sens que tu donnes à tes actes en faisant ça. C’est peut-être ce que cache ton actuelle irritation.

Vivre avec ses parents n’est pas toujours facile.
Parfois les parents ne nous laissent pas l’initiative ou nous la retire en nous disant ce que nous avons à faire alors que justement nous sommes en train de le faire ou nous avions planifié de le faire ; cela peut nous retirer la joie que nous avions à leur donner notre activité, car au lieu de la recevoir, ils la prennent en la réclamant. A nous de trouver les moyens de le dire à nos parents ; sache que parler de soi, et se limiter à soi, est souvent une bonne tactique. Nous avons toujours le droit de parler de nous, de ce que nous ressentons face à l’action d’un autre. Par contre parler de l’autre est plus délicat.
C’est la différence entre « je ne me sens pas respecté quand tu fais ça » et « tu ne me respectes pas quand tu fais ça ». La première phrase parle de ce que l’on ressent face à l’autre, la seconde enferme l’autre dans la vision que nous avons de lui : sa seule envie sera de se débattre pour s’en sortir.

La vie chez les parents offre des grandes opportunités pour s’exercer au dialogue et s’entraîner à la vie réelle.

Bon courage.

Amicales pensées,

Hitsu Sensei

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut