Si c’est facile, ce n’est pas du travail… Ah bon ?

Pour beaucoup d’élèves, travailler doit être pénible. Si on a plaisir à apprendre, alors ce n’est pas du travail.

Surprenant ?… Observez chez les grandes personnes combien trouvent normales de ne pas être payées pour faire ce qu’elles aiment. C’est la même croyance. On ne devrait être payer ou avoir de bonnes notes que si l’on a souffert.

C’est une confusion entre les moyens et la fin.

Comment savoir que j’ai (bien) travaillé ? Bien sûr, si j’ai obtenu un résultat, sué sang et eau, voire même versé les larmes amères de l’incompréhension, j’ai le sentiment d’avoir travaillé.

Mais la preuve du travail n’est-elle pas seulement le résultat ?

Soit le travail est fait, soit il n’est pas fait.

Si j’obtiens un résultat sans avoir le sentiment d’avoir fourni un effort, j’ai quand même travaillé. C’est tout simplement que j’ai réalisé l’objectif avec l’aisance que confère une grande pratique. Cette pratique, travaillée, est devenue naturelle. Comme la marche : nous trouvons naturel de marcher et pourtant nous l’avons appris ! C’est un paradoxe : ce qui nous semble naturel est le fruit d’un effort.

Comme l’écrit Baudelaire : « le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d’un art ».

Mais le grand art, c’est de déployer ses talents sans montrer d’efforts.

Nous pouvons donc fournir un effort, de façon volontaire, de façon consciente, sans qu’il soit forcément pénible (ni visible). Quand je joue de la musique, je fournis un effort et pourtant j’aime ça. Quand je joue au foot, je transpire, donc je fournis bien un effort, et pourtant j’aime ça. Les situations ne manquent pas où nous fournissons un effort sans qu’il soit obligatoirement pénible : là où nous faisons ce que nous aimons.

Et justement, nous excellons souvent à faire ce que nous aimons. Peut-être parce que nous consentons à fournir les efforts nécessaires pour notre activité bien-aimée.

Et ça tombe bien car la société a besoin de gens sachant excellemment faire leur métier. La preuve de cet intérêt est l’argent qu’elle leurs donne, où de bonnes notes dans le domaine scolaire.

La mesure du travail est le salaire ou la note, pas la peine fournie pour l’obtenir. La peine indique le prix que nous avons consenti à payer, l’habitude que nous avons mis du temps à forger, l’énergie déployée pour que l’art devienne naturel. Ce sont les moyens mis en œuvre. La fin, c’est la note : elle indique « bienvenue, vous êtes arrivé à destination ! ».

L’excellence n’est-elle pas notre vraie nature ?…

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