Avant de commencer cet article, je souhaite une bonne année 2022 à tous ! Puisse cette année nous permettre de nous libérer de la peur et retrouver foi en l’avenir, qu’elle nous apporte la joie de nous rapprocher des êtres qui nous sont chers, qu’elle nous procure la santé, tant mentale que physique.
Et maintenant, un peu de lecture 😉
Charlotte est une jeune étudiante en panne dans sa vie. Elle s’est traînée au lycée et a passé son bac malgré l’overdose d’absurdité qui la rendait malheureuse comme les pierres.
Les confinements l’ont enfermée chez ses parents, obligée de suivre des cours en « distanciel ».
Peut-être était-ce la goutte de trop. Elle ne voit plus à quoi ça sert tout ça.
Ayant déjà travaillé avec elle par le passé, sa méthode de travail n’est plus en cause. Non, c’est vraiment la motivation. Pour utiliser le vocabulaire de mon « modèle Pacman » présenté en formation, c’est un cas de mutilation. En d’autres termes, la personne s’est coupée du sens pour ingérer des données. Il ne s’agit pas ici de mémoriser des choses qui n’ont pas encore de sens pour les comprendre plus tard. Il s’agit ici d’accepter d’ingurgiter des absurdités jusqu’à être dégoûtée de la vie.
Une façon de travailler est donc de trouver du sens aux épisodes de sa vie, aux données intégrées de façon brute, voire brutale.
Et pour Charlotte, voici une clef que j’ai trouvée qui pourrait être utile à d’autres.
Comme beaucoup de jeunes, Charlotte est sensible. La concurrence à tout prix, le mépris des valeurs humaines, tout cela la heurte profondément. Aussi je me hasarde à une explication.
Comment se fait-il que ces façons de pensée, et d’agir, brutales, aient pris le devant de la scène ?
Une conférence donnée par Emmanuel Todd au dialogue franco-russe en 2018 m’a ouvert tout un champ de réflexion. Par le passé Todd avait prédit l’effondrement de l’Union Soviétique à une époque où l’idée était risible, et cela tout simplement en regardant les courbes de natalité. En 2018, s’appuyant sur des faits, les données statistiques des naissances, des emprisonnements, des taux de suicide, etc., donc chiffres à l’appui, il énonce que la Russie va bien, que c’est un pays où la population s’épanouit, et qu’au contraire les États-Unis sont un pays où la population ressent un profond malaise. Déjà, cela surprend, car cela détonne par rapport aux discours ambiants des médias dominants.
À partir de ce constat dressé par Todd, poursuivons la réflexion. Après tout, quel conflit n’affecterait qu’un seul des pays impliqués ? Oui, l’idée est simple : un affrontement, quel qu’il soit, ne laisse aucune des parties indemnes. Quel est le rapport ? Eh bien, de 1947 à 1991, il y a une « guerre froide » entre les États-Unis d’Amérique et l’Union Soviétique. L’URSS s’effondre, et la Russie s’est rétablie depuis. Mais les USA ?… Pour gagner la guerre froide, ils ont lancé dans les années 1970 un libéralisme de guerre où les pauvres seront sacrifiés. Nous appelons ça le « néo-libéralisme » ou « l’ultralibéralisme ».
Parfois, la guerre oblige de sacrifier les plus faibles : Vercingétorix assiégé à Alésia, poussé dans ses retranchements, sacrifie les femmes et les enfants en leur interdisant l’accès aux vivres.
Vercingétorix perd la guerre des Gaules, mais les États-Unis gagnent la guerre froide. Pourtant, trente ans plus tard, le néolibéralisme est toujours de mise.
Cette parenthèse, ce mal nécessaire sur un temps restreint, doit se refermer.
L’humanité s’est construite sur la notion de partage, avec la création du langage, le souci des plus jeunes et des plus faibles d’une façon générale, l’encouragement de la diversité pour multiplier les points de vue dont la pluralité est utile en cas de crise pour trouver des idées pour s’en sortir. Le sacrifice des pauvres ou des plus faibles ne peut donc que relever d’une période anormale, la plus brève possible.
Je termine cette présentation des 75 dernières années de notre histoire…
Et Charlotte me regarde pour me dire : « Donc je ne suis pas obligée de bouffer les autres pour vivre. »