Quand les paramètres deviennent portes, l’imagination s’ouvre et les quatre orients se révèlent

On s’interroge parfois sur l’importance des noms ou des dénominations.

Pendant des années, en bon ultra-orthodoxe de la gestion mentale, je n’utilisais que le terme de « paramètre » avec les grandes personnes en formation. Je savais que certains collègues usaient plus volontiers de l’appellation de « porte » mais j’en restais là. Et puis l’autre jour (il y a deux ou trois semaines déjà), une stagiaire me dit combien cette dénomination de « porte » lui ouvrait des horizons nouveaux tandis que « paramètre » restait un désert évocatif (où seul Antoine semblait savoir se retirer… pardon, juste un trait d’humour avec saint Antoine, père du désert, pionnier de l’introspection et fondateur du monachisme chrétien).

Il serait plus facile d’évoquer sur certains termes que sur d’autres… Oui, bien sûr, le conditionnel était là pour rire car les mots reflètent nos évocations et engendrent des évocations différentes.

Le choix des mots est tout sauf anodin.

Du coup, les paramètres deviennent des portes… Des portes qui ouvrent sur ?… la réalité bien sûr !

Et cela illustre que le P1 n’est pas la réalité, mais son aspect concret.

De plus, à n’importe quel endroit, si on regarde au nord, au sud, à l’est et à l’ouest, le monde nous apparaît dans sa diversité (malgré l’unité du point d’observation).

Cela apporte un sous-bassement à l’intuition de ma consœur J.M. pour qui il réside dans les paramètres une préfiguration du projet. Regarder au nord ou au sud, cela donne une direction à la pensée, préfiguration du projet.

Il y aurait ainsi dans la vision obtenue depuis chaque « porte » une direction évidente (par exemple les points cardinaux pour reprendre mon exemple), et aussi une intentionnalité, un sens puisque chaque porte ouvre sur un aspect différent de la réalité (concret, codé, logique, inédit).

Mais au contraire des gestes où le mouvement est plus patent (manifeste), ici le mouvement est latent : la personne (ou la conscience ?) reste au centre. Les « portes » offrent l’opportunité de points de vues mais ce ne sont pas des gestes. Le mouvement y est absent une fois prise l’orientation vers un point cardinal.

Est-ce à dire que la personne est décentrée lors de l’accomplissement des gestes ?… Non, je ne crois pas.

Alors j’affine : lors de l’ouverture de la porte (clin d’œil hiéroglyphique), je demeure au centre et aucun mouvement n’est manifeste : je regarde seulement. Soit en position d’acteur de ce monde à voir dont mes yeux seront les conquérants, soit en position de témoin en accueillant l’information visuelle dont mes yeux seront les garants. (acteur = yang, témoin = yin)

Dans l’accomplissement d’un geste, il y a un mouvement manifeste (de la conscience ?).

Pour ceux pour qui le fait de se déplacer vers chacun des 4 points cardinaux dérange, nous pouvons proposer une autre métaphore, celle des filtres colorés. Nous disposons de quatre filtres : un rouge, un vert, un blanc, un noir. (nous verrons plus loin la correspondance rouge-P4, vert-P3, blanc-P2, noir-P1)

À chaque fois que nous constituons un point de vue, nous utilisons au moins un filtre.

(oui, alors désolé pour ceux qui croyaient avoir une prise directe sur la réalité et pensaient que ce qu’ils pensaient étaient la réalité et toute la réalité… c’est la difficile rupture entre perception et évocation…)

Bien, cela réjouit de gagner deux façons supplémentaires de présenter les paramètres… mais le changement de dénomination recèle encore d’autres richesses.

Quel nouveau regard, avec ses découvertes potentielles, puis-je poser sur la correspondance recherchée entre les 4 paramètres de la gestion mentale et les 4 images de « l’énergétique chinoise » ?

(cette recherche dispose d’un cadre plus large : celui de la recherche de correspondances entre « gestion mentale » et « énergétique chinoise », deux disciplines issues de la phénoménologie, cf. mes « travaux » depuis le 11 février 2011)

La « porte 1 » (P1) correspond à la terre, au double yin. C’est une évocation « terre à terre » tant parfois elle colle à la « réalité ».

La « porte 4 » (P4) correspond au ciel, au double yang. C’est une évocation plus aérienne, la plus élaborée des évocations (il y a une hiérarchie dans les paramètres, la complexité augmentant de P1 à P4 d’après ma lecture des Profils pédagogiques).

Reste à faire correspondre P2 et P3 avec jeune yang et jeune yin.

La « porte 2 » (P2) correspond à yin suivi de yang : on s’appuie sur la terre et on regarde le ciel. (et comme on regarde le ciel on voit les choses descendre… ou bien on peut dire autrement : il y a toujours un double mouvement contraire et équilibrant).

La « porte 3 » (P3) correspond à yang suivi de yin : on part du ciel et on regarde la terre. (et comme on regarde la terre on voit les choses monter… ou il y a un double mouvement contraire et équilibrant).

Aux quatre images sont associés des animaux symboliques (qui imagent…) : la tortue noire, le tigre blanc, le dragon vert-bleu, le phénix rouge. Cela représente aussi les quatre modes de locomotion, ou les animaux qui rampent, ceux qui marchent, ceux qui nagent et ceux qui volent.

Chaque animal est aussi placé à un point cardinal (indiqué par yang-yang, yang-yin, yin-yang, yin-yin).

Du coup cela donne :

P1 : tortue / noir / nord / hiver / yin-yin / non-non (sur la base yin = non, reste à savoir non à quoi…)

P2 : tigre / blanc / ouest / automne / yin-yang / non-oui

P3 : dragon / vert-bleu / est / printemps / yang-yin / oui-non

P4 : phénix / rouge / sud / été / yang-yang / oui-oui

Si je dispose ces 4 groupes (P1 / tortue / noir / nord / hiver / yin-yin / non-non) sur le papier selon les 4 points cardinaux, je trouve les deux  choses suivantes que je note A et B pour les besoins de l’écriture.

A.

Sur l’axe vertical je retrouve P1-P4, et cela me va car P1-P4 se trouvent souvent chez les « visuels », où la verticalité est une direction privilégiée : ça colle.

Sur l’axe horizontal je retrouve P2-P3, et cela me va car P2-P3 se trouvent souvent chez les « auditifs », où l’horizontalité est une direction privilégiée : ça colle.

Ces images sont fécondes. La verticalité correspond à l’axe nord-sud, deux réalités « objectives », qui se « voient » avec un fil à plomb ou une boussole et qui sont « indiscutables » (donc indiscutées et ne nécessitent donc pas un langage oral pour en parler puisque ça se voit tout seul). Avec l’horizontalité apparaît au moins une préfiguration du langage ou au moins de la temporalité. Un niveau à bulles ou à eau met plus de temps à se construire qu’un fil à plomb.

Quant à la direction est-ouest, elle met du temps à se trouver car (désolé pour les citadins qui n’ont jamais regardé le ciel), le soleil change d’endroit pour se lever et se coucher chaque jour…

Il faut donc du temps pour obtenir cette horizontalité ou cet direction est-ouest, et sans doute des discussions. En plus le résultat peut-être discutable.

B.

P1 et P2 sont bien tranchés entre noir et blanc.

Si je prends (je prends au moins le droit de le prendre, c’est de la recherche tout azimuts !) le symbole du taiji, le noir représente l’absence et le blanc la présence (noir = yin = vide, blanc = yang = plein), alors :

• le P1 contient une absence : peut-être le risque de voir l’évocation absente de la conscience car je confonds mon évocation avec la réalité de ce que je vois ou de ce que j’entends : c’est la confusion hyper-fréquente entre réalité et la concrétitude de la réalité (l’aspect concret de la réalité). C’est un risque des évocations en P1 : les personnes peuvent croire qu’elles n’évoquent pas puisque ce qu’elles font « dans la tête » correspond en tout point (croient-elles) au monde extérieur. Du coup, cette distinction entre intérieur et extérieur n’apparaît plus… et il y a une absence.

• le P2 contient une présence : peut-être une présence de l’évocation car c’est une convention d’êtres humains qui choisit un code, code qui porte toujours la marque d’un arbitraire du signe. Il y a ici le piège de la présence, celui de ne pas voir que dans la réalité, le code est visiblement absent (j’ai insisté sur le visiblement car il existe néanmoins sinon les sciences modernes seraient stériles et la vision de Galilée selon laquelle Dieu a écrit le monde en langage mathématique serait futile).

Encore un dernier point (pour cette fois car il y aurait encore à dire).

Les 4 images se transforment dans les 8 trigrammes, les 4 paramètres se transforment dans les 5 gestes (ou 4 + 4 puisque l’attention est décomposée en 4).

La tortue – P1 yin-yin devient :

– la terre – perception : yin yin yin ;

– la montagne – projet ascendant : yin yin yang.

Le tigre – P2 yin-yang devient :

– l’eau -compréhension : yin yang yin ;

– le vent – projet descendant : yin yang yang.

Le dragon – P3 yang-yin devient :

– le bois – mémorisation : yang yin yin ;

– le feu – imagination : yang yin yang.

Le phénix – P4 yang-yang devient :

– le lac – réflexion : yang yang yin ;

– le ciel – évocation : yang yang yang.

Ici, ce sont les transformations, les mutations des P2 et P3 dans « l’immobilité », où :

– le P2 devient un mouvement (immobile ?) descendant (le mouvement de l’eau-compréhension est vers le bas) ;

– le P3 devient un mouvement (immobile ?) ascendant : bois-mémorisation et feu-imagination vont vers le haut (bois et feu) ou vers l’avenir (mémorisation et imagination).

Si le mouvement devient « mobile », alors c’est inversé :

– P2 engendrent bois et feu : on retrouve P2 comme appui de la mémorisation et de l’imagination ;

– P3 engendrent eau et vent : on retrouve P3 comme appui de la compréhension (et du projet descendant, adaptation LOGIQUE de l’évocation à la perception).

Il y aurait donc davantage que « mobile » ou « immobile » la notion de point fixe ou point mobile.

Si P2 sert d’appui, c’est bois et feu.qui sont engendrés : donc P2 passif yin ou espace.

Si c’est lui P2 qui se meut, il se transforme en eau ou vent (ici P2 actif yang ou temps).

Si P3 sert d’appui, c’est eau et vent qui sont engendrés.

Si c’est lui P3 qui se meut, il se transforme en bois et feu.

LES MUTATIONS ENTRE LES IMAGES

P3 sur P2 : on passe de yin yang à yang yin : 2 mutations = 2 mouvements ou 1 mouvement double

P4 sur P1 : on passe de yang yang à yin yin : 2 mutations = 2 mouvements ou 1 mouvement double

P3 sur P1 : on passe de yin yin à yang yin : 1 mutation = 1 mouvement

P4 sur P2 : on passe de yin yang à yang yang : 1 mutation = 1 mouvement

Comme en entretien on rencontre plus souvent P3 sur P2 et P4 sur P1, je m’interroge sur cette préférence donné à deux mouvements ou un mouvement double.

J’ai posé ici sommairement (je veux dire sans les graphiques et les illustrations) les idées reçues le 28/10/2011.

Il y aurait encore à dire et à explorer, j’ai voulu poser déjà les choses en l’état.

Frédéric Rava-Reny

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