Quel chemin prendre pour retrouver la joie ?

J’accompagne une étudiante qui n’arrive plus à retrouver de joie dans sa vie. Comment en est-elle arrivée là, et surtout, que peut-elle faire ?

Son cas n’est pas exceptionnel. Je connais directement – et indirectement par mon réseau de parents, d’enseignants et d’élèves – de nombreux jeunes « découragés », « démotivés » voire « dépressifs ».

Mais comment ne le serait-on pas avec le catastrophisme ambiant ?
Catastrophisme qui n’est que la face visible de leur monde, la face invisible étant la chute du niveau, scolaire ou attentionnel.
Nos jeunes vivent donc une terrible contradiction : la société leur annonce une catastrophe, et au lieu de monter le niveau d’exigence pour y faire face, la société le baisse, les bras avec.
La problématique est simple : comment garder sa motivation dans une société défaitiste ?…

Comment nos jeunes peuvent-ils agir dans cette problématique ?
Sans avenir, ils peuvent se jeter dans les bras de la consommation.
Ils vont consommer :

  1. – des amis en se servant d’eux (paresse) ;
  2. – des camarades de classe en les rabaissant ou en se rabaissant eux-mêmes (orgueil) ;
  3. – des drogues légales comme le tabac ou l’alcool, illégales comme le haschich ou la cocaïne, et non encore reconnues comme drogues comme la caféine, le sucre raffiné et les écrans (gourmandise) ;
  4. – des partenaires sexuels sans aucune affection (luxure) ;
  5. – des cartes bancaires avec la peur du manque et l’envie d’en avoir toujours plus (avarice) ;
  6. – ses éducateurs, parents ou enseignants, en leur attribuant la responsabilité de tous leurs malheurs (colère) ;
  7. – des relations, réelles comme des camarades d’école ou virtuelles comme des célébrités derrière un écran, pour se donner une image de marque et un masque à leur vacuité intérieure (envie).

Ils ont l’excuse de la jeunesse pour ne pas voir que cette consommation déshumanise leur existence.

Nous, nous ne l’avons pas. Face à ces jeunes qui tombent dans la facilité d’utiliser un être comme une chose à son service, c’est aux vieux de les hisser au niveau où autrui est un semblable.

  1. – Au lieu d’attendre que les autres fassent le travail à notre place, nous pouvons le faire nous-mêmes : réponse à la paresse.
  2. – Au lieu de croire que certains élèves nous sont supérieurs, nous pouvons voir en chaque réussite d’autrui la bonne nouvelle que ce but est atteignable, et que c’est à nous de trouver comment : réponse à l’orgueil négatif qu’est la dévalorisation de soi.
    Si nous pensons que nous sommes supérieurs aux autres, regardons mieux jusqu’à trouver une chose qu’ils font mieux que nous : réponse à l’orgueil positif qu’est l’exagération de soi.
  3. – Au lieu de se goinfrer, nous pouvons proposer des régimes alimentaires adaptés. Sans aller jusqu’aux huit diététiques saisonnières de l’énergétique chinoise, nous pouvons redonner sa juste place au gras en regardant du côté du régime cétogène par exemple. Nous pouvons aussi tout simplement proposer des repas dans la joie et la bonne humeur : réponse au versant visible de la gourmandise.
    Au lieu de sombrer dans les drogues, du sucre au tabac en passant par les écrans, nous pouvons développer notre vie intérieure.
    Comme notre société la néglige, je suis obligé d’expliquer davantage.
    Pour éduquer notre corps, nous lui faisons faire des mouvements dirigés comme en sport, en yoga ou en danse, ce qui nous permet de développer nos gestes physiques.
    Mais en 1903, dans Étude expérimentale de l’intelligence, Binet découvre l’existence des gestes mentaux, les mouvements dirigés de notre pensée.
    En 1982, La Garanderie identifie les cinq gestes mentaux de base : toutes nos pensées sont une combinaison de ces cinq gestes fondamentaux.
    En 2011, je trouve comment ces cinq gestes se structurent entre eux et avec les 27 autres éléments de base de la pensée (et forment la charpente de notre noématique, équivalent cognitif de l’anatomie corporelle).
    Notre vie intérieure se construit avec les 32 éléments de base de la pensée (les noèmes) : plus nous les contactons, plus notre vie intérieure est dense. Notre bien-être cognitif ne dépend alors plus de substances extérieures mais d’une découverte renouvelée de nos ressources intérieures toujours à notre disposition si nous savons comment les trouver : réponse au versant invisible de la gourmandise.
  4. – Au lieu de s’engager dans une relation sexuelle avec quelqu’un que nous avons à peine rencontré, nous pouvons développer une relation sentimentale avant de passer à l’acte : réponse à la luxure.
  5. – Au lieu de payer par carte ce qui appauvrit les commerçants, nous pouvons prendre l’habitude d’utiliser le vrai argent. Vous avez peur que le liquide vous glisse entre les doigts ?… Mais les cartes rendent l’argent gazeux ! Il ne nous glisse plus des doigts, il part en fumée !
    La manipulation concrète de l’argent permet d’en mesurer la finitude et de comprendre les bases de sa gestion, ce qui nous rassure face à la peur de le voir s’évaporer : réponse à l’avarice.
  6. – Au lieu de rendre responsable les autres de tous nos malheurs, à commencer par nos parents et nos professeurs, au lieu de déverser de l’énergie sur les autres en les accablant de tous nos maux, nous pouvons utiliser cette énergie pour changer en nous ce qui mérite de l’être. Et nous avons l’embarras du choix en trouvant un autre endroit pour faire telle chose, un autre moment pour exécuter telle tâche ou une autre façon d’accomplir telle action : réponse à la colère.
  7. – Au lieu d’entretenir des relations qui nous font bien voir à nos yeux comme à ceux des autres, par exemple les relations qui nous permettent de penser ou de dire aux autres ou à nous-même : « Tu as vu qui je fréquente ! », nous pouvons développer des relations authentiques avec des gens imparfaits, cultiver les relations avec de véritables amis que l’on reconnaît dans le besoin, entretenir des relations où chacun donne et reçoit, est supérieur en certains points et inférieur en d’autres : réponse à l’envie.

Face à la déshumanisation, nous pouvons répondre par une plus grande humanisation.
Nous pouvons aller à la rencontre de l’autre, cet être étrange qui est à la fois un autre et à la fois nous-même.

La tentation de la société de consommation, et pire, celle du spectacle, est grande de transformer un être en chose. Le prix à payer est de perdre la joie, de vivre dans un monde désenchanté.

Pour réenchanter le monde, nous pouvons aller à la rencontre des êtres. Ils sont suffisamment nombreux, des bactéries jusqu’aux êtres humains, en passant par les végétaux et les animaux, pour que nous trouvions avec lesquels nos échanges sont les plus fructueux.

C’est une première réponse à comment retrouver la joie. Il y en a d’autres. Mais nous avons déjà des pistes d’actions.
Réenchantons le monde avec la richesse du vivant !



• Vous pouvez retrouver l’auteur de cet article sur son site :
Réussir à vivre autrement.


Rubrique :

Motivation

Étiquettes :

éducation, gestion mentale, motivation, noématique, S34


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