Apprendre à lire et écrire : les racines

Cet article, dont la première version date de 2014, explique comment aider votre enfant à lire et écrire, en utilisant l’échelle de compréhension. Cette démarche pourrait relever de la théorie de la récapitulation. Explications.

La théorie de la récapitulation

Selon cette théorie, le développement de la personne reproduit le cheminement de ses lointains ancêtres. En termes techniques, donc grecs : l’ontogenèse récapitule la phylogenèse. En Europe, elle fut énoncée par Ernst Haeckel (1834-1919). Pourquoi dis-je en Europe ?
C’est que, comme beaucoup de choses, on la retrouve ailleurs dans l’espace et dans le temps, par exemple en médecine tibétaine sur les planches où le fœtus passe par le stade « poisson », puis « tortue », puis « mammifère ». Voyez vous-même.

Quand un enfant apprend à lire-écrire, nous pouvons utiliser cette théorie de la récapitulation en l’invitant à passer par les différents stades de nos lointains ancêtres. D’où la question de savoir comment firent ces derniers. Tournons-nous vers des préhistoriens et des archéologues. Dans une ouvrage sur le sujet, Louis Godart cite la formule de Jean-Pierre Olivier selon laquelle

l’écriture est un instrument « permettant à un homme de transmettre à d’autres hommes, dans l’espace et dans le temps, un message bien précis et univoque de portée universelle »

Jean-Pierre OLIVIER cité par Louis GODART (1990), Le pouvoir de l’écrit. Aux sources des premières écritures, Armand Colin

Dit autrement, on écrit pour :

  • – être lu (par d’autres ou soi-même) ;
  • – plus tard dans le temps (juste après ou dans longtemps) ;
  • – au même endroit ou ailleurs,

et de façon à ce que le lecteur trouve cela :

  • – intéressant (portée universelle) et
  • – clair (pas équivoque donc univoque, et bien précis).

En résumé, la problématique de l’écriture est de savoir comment faire voyager une information dans le temps et l’espace. Actualisons-la avec notre enfant. Pour l’inviter à inventer ou découvrir l’écriture, posons-lui une question comme :

comment pourrais-tu faire,
que pourrais-tu faire
pour que ta maman puisse savoir quelque chose sans que tu lui dises ?…

Nous retrouverons ainsi les théories modernes sur l’origine de l’écriture : elle aurait été créé pour désigner et compter des stocks et/ou des échanges.

Mettons à disposition de l’enfant un stock d’objets miniatures, de jouets si vous préférez : voitures, animaux, personnages, etc.
Demandons ensuite à l’enfant de choisir des objets, en petite quantité (moins de dix) et de les mettre à part.

Lorsque sa maman verra les objets sélectionnés (trois bonhommes, une vache, deux voitures), elle pourra savoir à quoi l’enfant a pensé.

Pourrions-nous faire avec autre chose que des objets ?
Oui, nous allons descendre l’échelle de compréhension, nous pouvons dessiner.
L’enfant dessinera (ou fera dessiner) trois bonhommes, une vache, deux voitures.
Dans la continuité de la logique de l’écriture, nous pouvons même dessiner un seul bonhomme et faire trois traits (pour les trois bonhommes).
Ainsi l’idée de faire voyager une information dans le temps et l’espace se renforce, avec peu de moyens extérieurs.
mais grâce à la force de la pensée nous saurons que ces trois traits représentent les trois bonhommes en vrai.
L’étape suivante, non obligatoire selon l’enfant, serait d’écrire au lieu de dessiner. Et l’écriture est né !

Et pour la lecture, c’est la démarche contraire : à partir des objets, des schémas, puis de l’écrit, arriver à dire ce que la personne a voulu dire. C’est dire…

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