« Je suis trop contente car j’ai testé, hier et aujourd’hui, deux méthodes simples sur un élève que ma collègue m’a « donné » car elle n’a pas le temps de s’en occuper.
C’est un petit CP de 6 ans qui vit en France depuis quelques mois seulement. Dans sa famille, ils n’échangent qu’en arabe. Les parents ne parlent pas français mais mon petit élève, Mouloud, se débrouille déjà très bien.
Or, il rame pour l’apprentissage des lettres (lecture et reconnaissance.)
Cela fait depuis le début de l’année scolaire que je travaille avec lui et j’étais au summum de la frustration car je n’arrivais pas à lui faire lire les lettres L et D de son prénom (curieusement, il connaissait déjà les autres…ouf !) Il les reconnait, mais impossible de lui faire dire le nom de ces deux lettres qu’il se plaisait à rebaptiser E, I, X etc… un peu au hasard.
Appel à la rescousse de l’enseignante qui était bien en peine de me donner une méthode. C’est un peu : « Sophie, fait au mieux, s’il n’y arrive pas, ce ne sera pas de ta faute. »
Après nos deux journées de formation, j’ai décidé de tenter deux choses. D’abord lui montrer la lettre, puis lui faire fermer les yeux et lui demander s’il la voyait toujours. Recommencer jusqu’à ce qu’il la visualise bien (2 / 3 essais) puis lui faire tracer sur son ardoise.
Et là… il me donnait le nom qui allait avec la lettre. Trop chouette.
Pour ancrer le souvenir, j’ai usé du déplacement. Je pose deux lettres sur une chaise. Il va les retourner et revient vers moi pour me les dire. S’il se trompe ou s’il n’est pas sûr, il y retourne, et, pour l’instant, il a été capable de conserver le souvenir de ces deux lettres d’un jour sur l’autre, lui qui les oubliait dans la seconde.
Je verrai bien si, après ce mercredi passé à la maison, il les saura toujours jeudi.
Sinon, je recommencerai. Mais déjà, quel progrès…
Voilà. C’est chouette. »
C’était le témoignage de Sophie après sa formation, « Penser moins pour penser mieux ». Bien sûr, son nom comme celui de son jeune élève ont été changés.