Parler du temps

Il est très important de savoir parler du temps qu’il fait. C’est un sujet de discussion neutre qui permet de briser la glace (break the ice), de passer le temps, de s’exercer et montrer ses compétences sociales (social skills).

Pourquoi parler d’un sujet neutre ?
C’est que les sujets de discorde sont nombreux.
Le Royaume-Uni regroupe quatre entités géographiques différentes : l’Angleterre mais aussi l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord. Les Français vivent depuis des siècles un lissage culturel qui permet à la France d’exister et de grandir, aussi ils ont du mal à comprendre ces différences.
De même, comme Louis XIV a uniformisé la langue avec l’Académie française et la religion en interdisant le protestantisme, il est difficile pour un Français de comprendre qu’un Écossais puisse parler avec un accent si particulier et que la religion est un sujet délicat outre-Manche, puisque l’opposition entre Catholiques et Protestants a alimenté la guerre entre l’Irlande et l’Angleterre, et le terrorisme jusqu’à très récemment. Le sujet est tellement sensible que le Brexit pourrait raviver la lutte armée ! Pour dire…
Et, depuis la conquête normande de 1066, l’écart entre les riches et les pauvres a toujours été très visible au Royaume-Uni, puisqu’il se voit même encore aujourd’hui dans la taille des gens, les enfants des pauvres étant plus petits que les enfants des riches.
La société britannique est donc traversée de nombreuses sources de conflits, dont la nationalité, la religion, ou la classe sociale ne sont que des exemples.
Il est donc urgent de savoir parler de quelque chose de neutre comme la météo, puisque tout le monde la subit.

Développer ses compétences sociales
Cela permet d’établir un contact avec les gens qui nous entourent, de renforcer un sentiment d’appartenance (ne sommes-nous pas tous soumis aux aléas de la pluie ?), et aussi d’avoir des informations subtiles sur le caractère des gens.
Ainsi, certaines personnes égocentriques profiteront d’un sujet banal comme les saisons pour glisser qu’elles sont nées en hiver (exemple vécu jeudi 4 février 2021…).
Pour ne pas froisser leur sensibilité, on répondra par un étonnement feint : « Oh really !? », « Ah, vraiment ?! ».
Bien sûr, nous subodorions déjà le manque de prévenance de certains, qui non seulement arrivent en retard, mais ne remarquent pas la disposition particulière des élèves installées sur le canapé. Peut-être n’était-ce pas par timidité qu’elles s’assirent chacune à une extrémité, ni pour laisser la place de choix au retardataire. Peut-être était-ce pour respecter une distance physique afin de limiter les échanges microbiens.
Sans surprise, lorsque le professeur proposa à l’envahissant élève une chaise, ce dernier déclina la subtile invitation à se sortir de son mauvais pas. Les jeunes femmes présentes, hélas, pardonnèrent car elles savent, de par leur éducation, qu’un garçon est souvent un enfant gâté (spoiled child).
Et, pour clore ce tableau, dans la conversation sur le temps, lorsqu’une élève déclara : « It’s a warm winter, isn’t it ? », au lieu de répondre « Yes, indeed. », ou même de se contenter d’un « Yes, it is. », ce garçon oublieux des convenances osa un « No, it’s a cold one. »
Oublieux, pourquoi ?… Parce que parler du temps, c’est surtout un jeu social, pas un cours de météorologie !
En cas de désaccord avec son interlocuteur :
– soit on continue de l’approuver : après tout, s’il trouve que cet hiver est doux alors que nous le trouvons froid, pourquoi pas ?, gardons notre flegme britannique ! et continuons dans son sens ;
– soit on tente de montrer son désaccord alors que le sujet est supposé être neutre, il faut alors faire preuve de tact et ce jeu social est aussi fait pour ça, montrer que l’on peut exprimer son désaccord sans heurt (smoothly).

Comme quoi, parler de la pluie et du bon temps est un vrai sport !
Avec l’art, et la manière.
Pas juste du vocabulaire 😉

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