Quand deux enferme et trois libère


Sociologie  , neurosciences, pensée unique, sociologie, système, système binaire, système ternaire


Lundi dernier, en entretien, un étudiant en prépa me décrivait la lubie, selon lui, de ses profs à tout découper en trois. Il s’interroge en vain sur les raisons de cette exigence. Comme pour lui, savoir pourquoi il fait les choses permet de mieux les faire, il me demande mon avis. Le voici. En quoi cela pourrait-il vous intéresser, vous ? Pour une raisons simple : gagner en liberté !

Comment est-ce possible ? La société dans laquelle vous vivez, comme toute société, exerce son contrôle en maintenant sa population dans une dualité. Je vous donnerai un exemple plus bas. Enseigner un système ternaire permet de se libérer de cette dichotomie. Pourquoi n’en avez-vous jamais entendu parler, ou presque ? La masse, c’est-à-dire les collégiens et désormais les lycéens, n’a droit qu’à la binarité. L’élite, et les institutions qui la régénère comme les écoles prépa, s’en affranchit avec le système ternaire. Avant de poursuivre, petite précision : j’estime le contrôle et l’élite comme légitimes dans la mesure où ils protègent la masse, ce qui est de mon point de vue leur raison d’être. Les parents contrôlent bien l’enfant pour en assurer le sain développement ! Continuons.

Tout d’abord, c’est quoi la dualité ? Ou la binarité, ou la dichotomie si vous préférez ?
C’est voir le monde sous deux catégories seulement, et deux catégories qui s’excluent mutuellement s’il vous plaît (c’est un système binaire).
Mon exemple du moment : dans la vie, il n’y a que deux catégories de personnes,  ceux qui aiment l’O.M. et ceux qui soutiennent le P.S.G. Et il y a toujours quelqu’un pour me dire : « Et si je n’aime pas le foot ? ». Et moi de répondre : « Alors tu soutiens le P.S.G. Ceux qui aiment le foot aiment l’O.M. ». Vous trouvez ça réducteur ? Vous avez raison, mais c’est justement ça le propre de la dualité, de réduire à deux possibilités l’ensemble de la réalité.

Est-ce que je condamne la binarité ? Non. Tout ce qui existe a sa raison d’être, son lieu et son moment. Alors ? L’apanage de la binarité, c’est l’action. Dans l’action, sur le terrain, dans le concret, on fait ou ne fait pas, il n’y a pas d’autres alternatives.

  • On est enceinte ou on ne l’est pas.
  • On a le biberon pour le petit ou on ne l’a pas.
  • On a le QR code ou on ne l’a pas.
  • On a le mot de passe ou on ne l’a pas.

C’est simple ! Deux choix seulement : oui / non. Comme dit un personnage de film : « Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. ».

Comment la binarité permet-elle le contrôle social ? Pour faire court, pendant que la masse se dispute pour savoir lequel des deux camps est le meilleur, l’élite a le champ libre. Exemple récent : les « anti-vax » et les « pro-vax ». Exemple encore plus récent : pour ou contre l’Ukraine. Exemple beaucoup plus ancien : guelfe ou gibelin ? Pour le pape (guelfe) ou pour l’empereur (gibelin) ? Hissons-nous au niveau de Montaigne. Comprenons que la dichotomie nous enferme dans un choix que nous n’avons pas fait, que peut-être aucun des camps en présence n’est ou n’a la solution. Le risque est énorme : nous apparaîtrons alors souvent pour chaque camp comme un membre du camp adversaire, pire, ennemi.

Au Gibelin j’étais Guelfe ; au Guelfe, Gibelin.

Montaigne, Essais, III, 12

Avec la posture d’un camp, le oui qui défend sa thèse (vérité partielle), et avec celle de l’autre camp, le non qui proclame son antithèse (vérité tout autant partielle), nous pouvons fabriquer un « ni oui ni non », ou un « et oui et non » qu’est le « peut-être » ou une synthèse. Nous sortons alors de la prison de la dualité pour accéder à un système ternaire. Nous voyons mieux les forces et les faiblesses de chaque camp. Libre à nous d’alimenter leurs disputes pour avoir le champ libre ailleurs. Ou de prendre le meilleur de chaque point de vue pour le proposer à la masse, et ainsi permettre une vie en société plus harmonieuse.

Prendre l’habitude de couper en trois, c’est un moyen d’accéder au système ternaire, à la synthèse. De surplomber la dualité dans laquelle la masse tourne en rond, enfermée dans un stade où joue l’O.M. contre le P.S.G.

Deux, trois… quatre, cinq et au-delà !
Partout la dualité s’affiche. Le cerveau ? Il y a les deux hémisphères, le gauche et le droit. Voilà ce à quoi a droit la masse. Alors, le modèle de MacLean, avec son système ternaire, dépassé ou dangereux ?… Voilà pourquoi nous enseignons sans relâche les trois étages du cerveau, étape nécessaire pour accéder à la complexité de cet organe. De même, pour sortir de la guerre des tranchées d’une autre dualité, celle du corps et de l’esprit, j’enseigne la tétralogie platonicienne (un système quaternaire) de l’attelage, avec un vif succès pour remotiver !
Car rien ne nous oblige à rester sur un système ternaire : nous pouvons utiliser des systèmes à quatre ou cinq termes (d’arité 4 ou 5 pour utiliser un langage technique).
Cela permet d’éclairer un obstacle subtil à la diffusion de nos méthodes : nous allons plus loin que le système ternaire habituel de la formation des élites. Pire, certains peuvent craindre de se voir dépassés par des structures à quatre ou cinq termes, voire davantage. Ainsi Antoine de La Garanderie sortait de la dichotomie futile ou stérile en proposant une tétralogie, les paramètres, puis une pentalogie, les gestes mentaux. Pour ma part, j’ai poursuivi la tâche. Je montrais comment cette tétralogie permet de forger des outils hyper efficaces, comme la méthode COSA, application des quatre paramètres à un texte. J’établissais la correspondance stricte entre la pentalogie des gestes mentaux et les cinq mouvements (éléments) de l’énergétique chinoise (MTC, acupuncture, qigong, etc.). Je redécouvrais les six natures de langage ou de production, six modes d’expression reconnues par la recherche neuroscientifique. Et je rénovais les sept niveaux de compréhension pour montrer comment ils aident à lever tous les blocages jusqu’à preuve du contraire.

Nous sommes alors loin du noir et blanc. La trilogie thèse-antithèse-synthèse devient un souvenir adolescent, et le premier pas nécessaire vers la complexité de l’âge adulte. Aller jusqu’à sept permet de disposer d’une palette aux multiples couleurs, de quoi dialoguer avec tous et avec chacun. Vous pouvez le découvrir en formation ou en entretien individuel !


• Vous pouvez retrouver l’auteur de cet article sur son site :
Réussir à vivre autrement.


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