Les troubles dys et nos amis les profs (ou les EIP et nos amis les profs ou les précoces et etc.)

Même si beaucoup d’enseignants ont envie de bien faire, cela m’affecte toujours d’en rencontrer qui, au lieu d’essayer d’améliorer leur pratique, se réfugient derrière le prétexte de « C’est la faute de l’élève et/ou des parents. ». Mais changer demande un effort : les remises en cause sont difficiles à tout âge.

Il y a une situation où ce genre de phrase apparaît souvent : lorsqu’il y a un statut du handicap, ou de « troubles dys ». L’élève est diagnostiqué dyslexique, dyscalculique, dyspraxique… ou autres précoce.

Y a-t-il vraiment un refus de reconnaître un trouble diagnostiqué par des gens aussi sérieux que des médecins par exemple, ou bien y a-t-il aussi autre chose ?

C’est qu’il y a une contradiction profonde, donc peu visible, à résoudre.

Pour prendre en compte la spécificité de l’élève, les enseignants ont besoin d’une preuve objective : le statut de handicap. Sinon la demande d’avoir des photocopies lisibles (par exemple) pourrait être juste un caprice, donc anti-pédagogique.

Mais ensuite, ils refusent de croire en ce handicap. Si chacun reste sur ses positions, c’est intenable.

D’un côté les parents et les spécialistes (ortho, psy…). De l’autre les enseignants. Au milieu l’élève.

En quoi peut-il y avoir un obstacle qui est passé inaperçu ?… Observons de plus près.

L’enseignant doit croire qu’il peut élever le niveau de conscience ou de connaissance de la personne : il croit en son élève, il croit en l’éducabilité de l’élève. Et cela est nécessaire, sinon vous arrêtez d’enseigner. Ou pire, lorsque vous connaissez l’effet Rosenthal (voir article à ce sujet), il vaut mieux alors cesser d’enseigner. Car notre façon de penser la personne influence la personne : si on croit que la personne ne pourra pas progresser, cela la bloque, si on croit qu’elle peut réussir, cela renforce les chances de sa réussite.

Donc si on dit à un enseignant que tel élève souffre d’un trouble dys, ou d’un handicap, comment peut-il continuer de croire que cet élève peut progresser ?

Il y a à résoudre une contradiction.

Le trouble dys ou l’étiquette apposée à la personne met seulement en relief que chacun apprend différemment. Cette personne a donc des besoins différents en termes d’apprentissage.

C’est tout bête, mais quand vous êtes myope, même si vous portez des lunettes, on ne vous mettra pas au fond de la classe en disant : « T’es comme tout le monde ! ». Un enseignant peut donc tout à fait tenir compte des différents besoins des élèves. Et continuer à croire en leur réussite et leur progrès.

Le souci, c’est que les besoins cognitifs sont mal acceptés. Trop de gens, et encore trop d’enseignants, sont encore dans l’idée que nous apprenons de la même façon alors que la gestion mentale prouve le contraire depuis trente ans…

Il existe donc des besoins cognitifs différents. Si nous ne les prenons pas en compte, alors nous les transformons en troubles et en handicaps.

Il y a ici une lutte de longue haleine pour faire connaître et reconnaître ces besoins différents, dont nous ne soupçonnons généralement ni l’existence ni l’importance.

Et oui, c’est vrai, cela demande du travail. Car même en respectant les besoins de chacun, nous finirons le programme scolaire haut la main, comme les milliers d’enseignants qui depuis trente ans expérimentent avec succès la gestion mentale.

Ou les jeunes stagiaires du stage d’été qui vivent chaque année cette réalité : oui, nous pouvons apprendre les mêmes choses dans la différence. C’est quand la différence n’est pas acceptée qu’elle devient un trouble ou un handicap…

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