Attentions aux gens (2) – Renouveler le regard

L’expérience du poulet papou montre que nous voyons dans le réel ce que nous connaissons déjà, ou dit autrement, ce que nous sommes prêts à y trouver. Si nous voulons vraiment connaître les gens, ce qui était la question réelle de mon étudiant, nous devons changer notre façon de les observer et de les écouter. Autrement, nous verrons en eux ce que nous avons l’habitude de voir ou d’entendre. Alors que chaque rencontre peut nous faire rencontrer la spontanéité. Pourquoi ?

Renouveler le regard, affiner l’écoute

C’est que voir toujours les mêmes choses, c’est peut-être rassurant au début, mais c’est lassant à la longue. Alors que la vie est le grand festival de la nouveauté (Swâmi Prajnanpad), nous restons bloqués sur la même séquence. Notre énergie ne se renouvelle pas. Et nous nous sentons inadaptés.

Tout ça pour, au final, une question d’attention ! Nous oublions de renouveler notre regard et d’affiner notre écoute. Mais comment faire ?

Pour cela, nous pouvons prendre soin de notre geste d’attention. C’est un geste mental, terme inventé par Alfred Binet, un des cinq gestes mentaux élémentaires, comme l’a montré par Antoine de La Garanderie, et relié aux quatre autres de façon structurée, comme je l’avance dans mes travaux.

Regardons de plus près de quoi ce qui compose ce geste. Il y a trois composants nécessaires à l’attention, comme à toute activité :

  • le contact sensoriel,
  • le souvenir,
  • le but.

Par contact sensoriel, je veux dire chacun des cinq sens branchés sur l’extérieur. Chacun de nous peut les développer, tout le temps, car le monde a une profondeur inouïe ! Un exemple qui me surprend toujours : même les amateurs de chocolat sont étonnés de découvrir encore des choses dans mon atelier de dégustation !

Par souvenir, j’entends ce qui nous permet de nous souvenir d’une chose ou d’un être, et c’est au final une présence en soi, soit que nous voyons, soit que nous entendons. Nous rencontrons alors la notion d’évocation, avec les évocations visuelles et les évocations sonores, qui forment des éléments de bases de la pensée : cf. mon ouvrage Les 32 joyaux de la pensée. Franchement, c’est une notion simple quand on l’a comprise, et compliquée quand on ne l’a pas rencontrée. On croit la comprendre en la lisant, et en entretien, en stage ou en formation, d’un coup, tout devient clair ! On comprend que l’on est passé à côté toute sa vie.

Par but, j’entends l’intentionnalité (chez Husserl), le projet (chez Heidegger puis La Garanderie), l’objectif, le yi (en énergétique). C’est le sens qui se cache, ou non, derrière chacune de nos actions.

Là, il y a une séparation entre ceux qui en ont fait l’expérience, et ceux qui ne l’ont pas faite.

Pour autant, faire attention aux gens pour mieux les connaître, c’est mettre chacun de nos sens en alerte, vérifier que nous fabriquons ou avons fabriqué des souvenirs sur eux et se donner le but d’être toujours plus attentionné à la rencontre.

Bonne pratique !

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