Être attentif, cela n’existe pas, ce qui existe, c’est être attentif à quelque chose. Être attentif nécessite un contact sensoriel (à la chose avec laquelle nous allons être attentive/attentif), une évocation (un souvenir), et une direction de pensée (le projet, l’intentionnalité).
Être attentif à quelque chose, c’est y penser. C’est donc faire le plein, intérieurement, de cette chose. Rechercher à faire le vide intérieur pour accueillir la nouveauté est donc inefficace. Être attentif, c’est se remplir et non se vider. Nous changeons tout simplement de pensée.
De la même façon que le geste mental et le geste physique se font écho, le corps et l’esprit sont des métaphores de l’un et de l’autre. Observons comment nous faisons pour chasser le goût de quelque chose. Par exemple, nous mangeons des fraises mûres. Et nous tombons soudain, en la goûtant, sur une fraise un peu pourrie. Que faisons-nous ? Nous la crachons, et puis ? Nous pouvons nous rincer la boucher avec de l’eau. Et si nous n’en avons pas ?… Nous en mangeons une autre pour chasser le goût de la dernière et en contacter un nouveau. Il n’est donc pas nécessaire de faire le vide, faire le plein d’une nouveauté suffit.
Que faisaient les acteurs après avoir subi le fort éclairage de la scène ? Ils se mettaient dans une pièce tapissée de vert, couleur qui repose les yeux. Visiblement, ce serait plus efficace que de garder les yeux fermés. Au lieu de faire le vide (ne plus voir), ils faisaient le plein d’autre chose (la couleur verte).
Que faisons-nous dans un sport où nous pouvons tomber (le cheval, le ski…) lorsque nous chutons ? Nous recommençons le plus rapidement possible. Pour éviter que le goût de la chute subsiste en nous. Pourquoi ? Car penser à rien n’est pas possible, nous continuons de penser avec l’expérience disponible. Si c’est celle d’un échec, nous risquons de le ressasser. Et de nous y enfermer.
Aussi, et c’est là une pratique pour garder la motivation, lorsque nous vivons un échec, il est important de vivre le plus rapidement possible un succès dans le même domaine ou un domaine le plus proche possible. Autrement nous risquons de garder l’échec en tête et mettre en échec notre motivation.
Puisque nous pensons forcément à quelque chose, faisons en sorte que ce quelque chose nous apporte joie et réconfort.
Devrions-nous alors bannir toute pensée de situations échouées ?… Ce serait excessif. Nous pouvons réfléchir dessus en recherchant comment nous pourrions faire, lorsque l’occasion se présentera de nouveau, pour réussir. Nous apprenons ainsi de nos erreurs (elles sont d’ailleurs indispensables pour apprendre) en trouvant le moyen de les éviter et celui de réussir.