Attention et mouvement

Dans le menu proposé où figurent les cinq gestes mentaux de base (attention, mémorisation, compréhension, réflexion, imagination), Chlodweg, 13 ans, choisit la mémorisation.

– Comment fais-tu pour mémoriser ?

– Je suis attentif.

– Et comment fais-tu pour être attentif ?

– J’écoute et je ne fais rien d’autre.

– Tu es en train de me dire que depuis tout à l’heure tu n’es pas attentif à ce que je dis alors.

– Ah bon, pourquoi ?

– Eh bien tu me dis que pour être attentif il faut écouter et ne rien faire d’autre, c’est ça ?

– Oui, en effet.

– Or depuis tout à l’heure tu n’arrêtes pas de bouger sur ta chaise.

Chlodweg s’immobiliise alors sur sa chaise.

Comme s’il s’était figé.

Je le ressens parcouru d’un mouvement d’immobilisme, comme si toutes les impulsions motrices de son être servaient à ne plus bouger.

Comme sa mère est encore à côté, je m’adresse à elle pour échanger quelques mots (du style : « vous voyez ?… », avant de m’adresser de nouveau à Chlodweg.

– Et là, tu ne bouges plus, mais es-tu attentif ?

– Eh bien non.

– Ou plus précisément tu ne penses plus qu’à ne plus bouger, toute ta pensée est sur « je reste immobile ».

– C’est ça !

Cette exclamation s’accompagne d’un sourire chez Chlodweg.

Il venait de découvrir qu’être immobile lui interdisait d’être attentif, et que bouger lui ouvrait l’accès à son attention.

Dans l’activité Coca-Cola(R), il se souvient de la forme des C en les dessinant d’abord dans l’air, puis en les revoyant ensuite mentalement.

Dans l’activité du vieux bus rouge, il est assis dans le bus, voyant la scène depuis ses yeux ou plus précisément vivant la scène depuis ses yeux puisqu’en même temps il ressent le mouvement du bus (évocation de proprioception).

Dans l’activité de copie à distance, il dessine d’abord en l’air (verticalement, c’est-à-dire dans la même disposition que sur un tableau) pour ensuite faire comme s’il faisait le geste dans sa tête avec une évocation visuelle.

Quand je l’interroge sur comment il a fait pour prendre en compte les couleurs, il se les ai parlées (on dit ça comme ça ?), uniquement en évocation verbale, sans aucune modification de son évocation visuelle.

La séquence utilisée est donc : mouvement / évocation de proprioception (sans savoir lequel des deux est avant l’autre), puis évocation visuelle avec toujours évocation de proprioception, puis évocation seulement verbale.

La question est maintenant de savoir comment faire pour donner une place et un temps à ce mouvement dans les apprentissages, en classe et à la maison : c’est l’objet d’un autre billet.

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